Une vague de froid s'abat pr�sentement sur le Qu�bec, ce qui pr�sente certain avantages. Nom�ment, celui d'avoir du beau temps clair et ensoleill� (haute pression = froid = moins d'�vaporation = pas de nuages right. Ou quelque chose comme �a)
Et puis aussi celui de condenser la fum�e ou sortant des chemin�es, ce qui donnent lieu � un joli spectacle de colonnes ouat�es et blanches dansant au-dessus du centre-ville, et que j'admire de ma fen�tre, chaudement envelopp�e dans une veste de laine favorite. Se coller contre mon amant � la peau uniform�ment chaude et soyeuse pr�sente aussi un int�r�t am�lior� par la fra�cheur de l'air ambiant, que l'on ne voudrait pas surchauff�.

Je ne suis pas sans avoir une pens�e plut�t constante, m�me un l�ger pincement au coeur, pour les habitants de la rue. Avec une moyenne de temp�rature dans les - 20 �C cette semaine, atteignant les - 29 �C cette nuit, dormir, vivre, tenter de se nourrir dans les all�es humides et glac�es de la ville ne peut �tre qu'un enfer. On doit attendre l'�t�, avec sa chaude puanteur, ses g�n�reux touristes, son squeege facile, ses nuits aussi confortables que de l�gers draps. Les manteaux sont minces, insuffisants, les chandails chauds se font voler quand on veut passer la nuit dans les missions, les journ�es dehors sont longues, cruelles, mordantes. On maudit le monde � voix haute, seul, aux milieux des riches passants qui font semblants de ne pas entendre.
Ces passants �prouvent des sensations diff�rentes; de m�pris, de d�go�t, d'indiff�rence, de g�ne, de compassion, de trouble, de remord.
Le malaise de l'�tranger nous emp�che de prendre cet homme par le bras, de lui dire "viens que j'te paye un caf� br�lant."
Et cet �tranger, veut-il de nous? Notre sympathie attirera-t-elle de la gratitude? Pas toujours.
Beaucoup de ces gens dans la rue ont �t� transform�s en b�te, par les besoins de la survie, des individus d�polis de l'hypocrisie sociale, qui montrent leurs vraies nature d'humains. Trop souvent �goĩstes, mesquins, voleurs.
Mais bien s�r, pas toujours.
Et moi, j'ai peur. La derni�re fois que j'ai emmen� un �tranger coucher chez moi pour le prot�ger du froid je me suis fait demander du sexe et on a essay� d'avoir une emprise dominante sur moi. Il ne sortait plus de chez moi. Il voulait que je le serve.
Je m'en suis d�barass�e mais �a m'a attrist� quant � la condition humaine.
-L