Je m�ne une vie dissip�e et vaine. Je sors tout le temps, je passe deux heures � m'habiller/maquiller/coiffer, je bois beaucoup trop d'alcool, j'ai une liste de b�guins bien trop longue, je re�ois beaucoup trop d'attention, je parle beaucoup trop de moi, je suis trop narcissique, j'�tourdis bien trop les gens, je met beaucoup trop de noir sur mes yeux, j'ach�te beaucoup trop de v�tements, je porte trop de jupes, je bois trop de caf�, mange trop d'aliments avec du sucre raffin�, je consomme trop, je d�pense au dessus de mes moyens.. En contrepartie, je ne m'informe pas assez, je ne r�fl�chis pas assez, je ne me cultive pas assez, je ne fait pas assez d'exercice, je ne mange pas assez, je ne cuisine pas assez, je ne bois pas assez de liquide, je ne dessine pas assez, je n'�cris pas assez, je ne me tiens pas assez au courrant, je n'�coute pas assez (honte � moi), je ne me pr�ocuppe pas assez, je ne me bat pas assez, je ne pers�v�re pas assez, je ne d�couvre pas assez de nouvelles choses, je ne me fait pas assez respect�e, je ne prend pas assez de d�cisions, je ne voyage pas assez (m�me du tout), je ne passe pas assez de temps seule, je ne passe pas assez de temps sur mes �tudes.

En revanche, je lis beaucoup de romans, j'ai un peu recommenc� � dessiner (m�me si pas assez) et je prends de meilleures habitudes de vies, question hygi�ne.

Ma vie est agr�able. Elle est rebondissante, presque stimulante. Mais je laisse mon esprit dans une compl�te l�thargie intellectuelle, dans un vide navrant, dans une futilit� abjecte. Je le nourris de la fiction de grands auteurs (Duras, Zola, Malraux...) en les lisant distraitement, comme quelqu'un qui boit du tr�s bon vin pour se sao�ler, ou qui mange de d�licates friandises � savourer pour se bourrer.

Je suis molle, satisfaite, et anxieuse de ce confort. D'une anxi�t� qui ne fouette pas, qui ne remet pas promptement sur ses pieds en qu�te de r�paration, simplement qui agace un peu, comme une mouche silencieuse qui vole trop pr�s de vous, que vous tassez du revers de la main, indiff�rents, vautr�s dans vos possessions.

Je ne peux m'en prendre qu'� moi-m�me, et ce que je fais. Mais jamais assez pour y rem�dier.

Je me laisse fr�ler par tous ces charmants minets, que je fr�le aussi, qui donnent des bisoux d'aurevoir bien pr�s de la bouche, qui en donnent plusieurs m�me, dont on attend l'appel... Et on se sent envahie par une douceur chaude en-dedans, � imaginer des choses. Une heureuse sensation qui fait sourire toute seule dans la rue, sous la douche. Un d�sir intense mais qui ne manifeste pas m�me le besoin d'�tre assouvi. Mon corps prendrait-il conscience de ses propres anomalies? Gu�rirai-je?

Redeviendrai-je la personne que je dois �tre, celle qui baigne pleinement dans la r�alisation de son potentiel, plut�t que cette abjecte poup�e en porcelaine qui bat des cils?

N'�tre qu'une fa�ade me glace les sangs, mais pas assez.

-L