Du vent. Souffle des souffles. L la fille jetable. Essuyez-vous les mains bien comme il faut, entre les doigts aussi, l'ongle bien astiqu�, le r�ticule bien d�crass�, et jetez ce pratique et utilitaire objet dans quelque recoin de votre vie.

Contez lui des histoires et ravisez vous ensuite. Contez vous des histoires et p�tez vous la gueule, parce que vous n'apprenez pas, et qu vous n'avez aucune d�fiance. C'est pas grave, au moins vous serez deux � avoir la gueule p�t�e ensuite.

D�vast�e? Mais non. Je me suis retenue. J'ai fait attention. Je me suis m�fi�e. J'ai eu des r�serves. Une chance. Une chance.

Je ne crois pas � l'amour. La mour? Euph�misme phon�tique pour la mort? Une petite ex�cution. Il n'y a pas d'amour, pour moi, dans ce monde. Cette r�alisation n'est pas douloureuse, il y a longtemps que j'en ai fait la constatation. Tant pis pour les larmes refoul�e dans le caf� du personnel � l'assembl�e g�n�rale de cet apr�s-midi, mercredi 17 septembre 2003. Il n'y a pas d'amour dans le monde pour L. L est une fille trop exigeante, trop bizzare et pas assez int�ressante. Fort utile pour se faire des �-croires et se b�tir des contes de f�es dessus, ou m�me l'abuser sans vergones avec un mensonge non n�cessaire. Un trou. Jetable. M�me pas recyclable. Au n�ant, � l'oubli. Une esp�ce de compos� bizzare et sans d�finition qui d�ambule avec des pantalons larges et un chapeau rouge � gros pois noir. Visage � deux masques, l'un qui rie, d'un rire hyst�rique et maniaque, et l'autre qui pleure, avec un d�but de crispation anxieuse et d�sorbit� pour le cri d'angoisse supr�me. Petit minois en porcelaine grise, fade et trop anim�. Du poil dans le bas du dos. Des cuisses trop grasses.

J'�tais pas en amour. Je crois que j'avais juste des espoirs. Je croyais avoir trouv� quelque chose de vrai. Qui pouvait attendre. Survivre au dessus de simples aventures, de petites passions. C'�tait r�confortant. Je me suis tromp�e. Comme d'habitude. Voyons. Est-ce que L n'a jamais eu ses oasis de r�confort pr�serv�s par la fatalit�, �pargn� par la trahison? �a serait dr�le. Une baisse de temp�rature comme �a dans le ton ne me dis qu'une chose:

J'ai �t� victime, encore-une-fois du SIDA: Syndrome d'Id�alisation Drastique Annuel. Une fois par ann�e, quelqu'un me met sur un tr�ne et une fois que je suis bien install�e, m'en jette en bas et rit de ma gueule. Personellement, je trouve �a plut�t cruel. Branchez-vous, bordel. Arr�tez de me raconter des conneries. Pensez donc avant de parler. Et jouez pas avec mes �motions.

Bon. Je ne suis pas f�ch�e. Je ne suis pas triste. Je ne suis pas jalouse. Je suis am�re de voir que l'histoire (dans ce cas-ci, celle de ma vie) se r�p�te.

Je ne croirai plus jamais personne. Je rirai � la face du prochain b�ta et de ses soit-distantes �motions. J'enverrai pa�tre le prochain bell�tre aux intentions irr�fl�chies.

Vous n'�tes pas comme moi. Je le sais, maintenant. Je n'ai aucune raison de vous laissez rentrez dans ce que j'ai de pr�cieux et de d�licat. Le bouclier est referm�. La m�fiance est absolue. Le mysanthropisme complet. �trangers. Inconnus.

Personne n'a jamais vu ce qui �tait l� et personne ne le verra jamais. �a ne vous int�resse pas? Fort bien. Mais au moins faites pas semblant.

Ce jeu-l� est cruel, m�chant. Tous ces gar�ons qui m'ont fait des fausses promesses. Tous ces avants-go�ts jamais satisfaits. Retirer un su�on de la main d'un enfant alors qu'il n'en a pris qu'une lich�e. Oh! Comme il y en a. C'est effrayant. C'est odieux. M-A le premier, S, C, M-A, T, L-A, A, Ja, R, V et le dernier... Tous, d'une fa�on ou d'une autre, m'ont tendu la main, et au moment ou mes doigts commen�aient � s'aggriper, l'ont retir�e. Que ce soit sexuel, l'attachement, l'amour, l'id�latrie, ou l'amiti�, tous, tous me l'ont fait. �motionellement c'est tr�s ext�nuant, et compl�tement incompr�hensible.

Tr�s peu valorisant.

Essayez, maintenant, pour voir.

Mes crocs vont luire.

-L