J'sais pas trop comment le dire. J'sais pas trop comment dire que j'aimerais changer de famille. J'ai de la mis�re � essayer d'expliquer le profond d�sarroi que ma m�re me cause. Mon d�go�t devant son obsession � toujours se venger, bl�mer, �tre "droite et pure" quand en fait elle nous empoisonne. Ma perplexit� quand ensuite elle se plaint de comment on doit la trouver "affeuse m�chante mar�tre" et toute la lithanie, juste pour qu'on aie piti�, qu'on oublie qu'elle est toujours entrain de b�cher sur notre dos et qu'on se sente coupable de ne pas lui reconnaitre ses multiples bienfaits, dont elle disproportionne le mrite � des dimensions embarassantes. Je ne sais plus reconna�tre la v�rit� avec elle, ce qui n'est pas tactique hypocrite, ce qui est sinc�re, peut-�tre. Je ne crois pas qu'elle m'aime. Je crois que je veut que je l'aime. Et le pire, c'est probablement que c'est le cas, parce que malgr� totues els saloperies qu'elle nous fait il me reste de la piti� et son jeu de culpabilisation marche sur moi. Et c'est une grande personne. Une personne qui a des principes et une volont� de fer. Ou ce l'�tait. Peut-�tre qu'elle s'est trop aigrie en vieillissant. Peut-�tre qu'elle essaie trop de nous mouler dans ce qu'elle voudrait qu'on soit. Peut-�tre qu'elle veut trop avoir de contr�le sur nous. Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que je n'ai pas de m�re. Une m�re, �a devrait �tre capable de s'exprimmer � coeur ouvert avec sa fille, d'avoir des discussions avec elle. Une m�re ne devrait pas tout le temps essayer de retourner le couteau de son acidit� dans la plaie de toutes nos infinies gaffes qui ruinent sa perfection.Une m�re devrait se taire et accepter des fois, comme une fille le devrait tout autant. Quand c'est rendu qu'il faut que tu te tournes vers le p�re de ton meilleur ami comme figure parentale, il y a un probl�me. Mais la r�alit�, c'est que je ne peux pas faire autrement. J'ai vraiment essayer. J'y suis aller par tous les chemins. �a n'a jamais abouti � rien. J'ai juste tr�s h�te de partir, j'y pense tous les jours au moins une fois. Je me sens si seule. Je n'ose pas m'ouvrir envers ceux qui comptent le plus pour moi, en fait celui qui compte le plus pour moi, mais je ne peux pas m'ouvrir avec ce qui devrait �tre mon "support".

Je suis d�finitivement fatigu�e de tout �a. Une grande torpeur essaie d'envahir ma conscience quand j'y pense, une grande morosit�. J'ai d�sesp�r�ment envie de parler � quelqu'un de r�el!... J'ai d�sesp�r�ment envie que T m'appelle. Mais lui aussi se fout de moi. Il y a des gens tellement plus infiniment int�ressant et rares � ses c�t�s, comment pourrais-je compter? Et je le comprends. Et je l'envie. Mais je le d�sire quand m�me comme compagnon parce que ma solitude me tue, et j'ai besoin, besoin de me confier � quelqu'un qui peut voir jusqu'au fond de mes paroles... Je parlerais bien � B aussi, mais elle n'est pas l�. En v�rit�, c'est � B que je voudrais le plus parler en ce moment. Avec sa douceur, sa compr�hension, sa tol�rance mais sa sagesse honn�te (quoiqu'un peu lieu comun par moment mais bon) elle me soulagerait.

J'ai pas de m�re.

C'est peut-�tre pour �a que je suis si obsessive en amiti�. Que je m'�prend tellement facilement et intens�ment d'admiration pour quelqu'un. J'ai pas de m�re depuis que j'ai eu l'�ge d'�tre en d�saccord. Je me souviendrai toujours de cette fois o� je pleurais de col�re (pour un motif imb�cile, soit) et que ma m�re s'est mise � rire de moi. En effet, je me suis instantann�ment arr�ter de pleurer. En effet, j'avais r�alis� combien j'�tais ridicule. Mais � quel prix. Tout ce que je croyais �tre de gentil en ma m�re s'est �croul�. Depuis ce jour, il y a au moins dix ans, je suis d�fiante de ma m�re. Je la crains sans raison. Je lui mens sans vergogne pour �viter ses reproches qui n'auraient aucun r�sultats sur moi. Parce que je ne suis plus confiante en elle. Elle a ri de ma col�re et de ma tristesse. Il fallait pas. Depuis ce moment je n'ai plus de m�re, mais une grande ma�tresse supr�me que j'essaie d'�viter et que je confronte.

Et je ne crois pas avoir jamais eu de p�re. Mon p�re, qui essaie de s'ouvrir � moi trop tard. Qui �tait si secret, et l'est encore. Il y a quatre ans, dans l'autobus, j'ai eu la peur immense d'avoir comme p�re un pauvre �tranger que l'on n'aimait pas v�ritablement dans la maison et j'ai essayer de me rapprocher. Mais c'�tait un peu vain...

Mon fr�re est un ennemi, avant redout�, maintenant seulement lointain. C'est peut-�tre pour cela que je me suis adopt� une fr�re et une soeur.

Honn�tement, je n'essaie pas de faire piti�. J'essaie de comprendre, en terme fort n�gatif peut-�tre, ma situation. J'essaie de comprendre qu'est-ce qui me pousse si fort � m'en aller. Qu'est-ce qui fait que ma famille me r�pugne et me d�sesp�re tant. Qu'est-ce qui fait que j'ai honte d'elle et que je m'en sens reponsable.

...Et bien, �a calme d'�crire. �a condense une souffrance affol�e trop dilat�e. �a concise, pr�cise, lib�re d'un poid qui s'agite sans forme dans votre cerveau.

Mais j'ai quand m�me besoin de parler � quelqu'un. J'oserais m�me d�ranger T dans sa vie idyllique.

Bon... Mon grand f�re adopt� me parle. aurevoir

-L