J'ai travaill� douze heures de suite hier et ce n'�tait pas pr�vu. Le salaire pour les heures suppl�mentaires est tr�s exactement le m�me que pour les heures pr�vues. Le ch�que de paye que je re�ois aujourd'hui ne comprends pas la grosse semaine que j'ai eu depuis mardi de la semaine pass�e. Mes r�gles viennent de commencer.

Je pourrais �tre en rogne, mais je me sens de tr�s bonne humeure et toute repos�e par un lavage de pied avec une brosse de soies pures, un grand sommeil de 12 autres heures, un bon d�jeuner, une douche chaude et d�lassante, et divers cr�mage-parfumage-taponnage. D'accord d'accord, d'avoir �t� debout si longtemps m'a occasionn� des douleurs aux jambes pendant une heure suppl�mentaire hier soir alors que j'�tais (enfin) allong�e, mais ce n'est pas une raison.

Je songe s�rieusement � fonder un syndicat � l'endroit o� je travaille. Nos conditions de travail sont tr�s douteuses et l'insouciance �cologique compl�tement scandaleuse.

J'esp�re que mes jambes vont me porter jusqu'au travail, j'ai peur de les surmener, ces pauvres petites choses flasques et poilues.

La chanson "pas bezOOOOUUUUUIN... de fr�-pper-pour-entrEEEER ch������ mooooooooa..." me donne envie de courir apr�s son auteur dans l'intention de le massacrer � la hache.

Mon chef d'�quipe a vendu son �me, ses principes et son individualit� � la cha�ne SUBWAY: il y adh�re avec une religiosit�, un fanatisme m�me, plut�t d�routant. Plus aucune volont� propre: tout doit �tre fait � la mani�re SUBWAY. Il est impossible d'argumenter avec lui, la Lumi�re Supr�me des Politiques Subway oblit�re tout essai d'atteinte � la logique avec cet individu. Vous ne pouvez gagner devant un tel asservissement.

C'est peut-�tre une fa�on de gravir les �chelons de la carri�re, mais vendre son �me pour une putain de job au salaire minimum n'est peut-�tre pas le plus louable des buts existenciels que je connaisse.

Enfin... Je survis quand m�me, malgr� mon sale caract�re r�barbatif et ma contestation des R�gles In�luctables Subway. Les bigs boss m'aiment pour ma jovialit� et mes id�es innovatrices. En deux semaine, j'ai d�j� commenc� � me tailler une place, sans sacrifier mon pr�cieux syndr�me de Tourette.

Les id�es reviennent, suffit de me botter le derri�re pour cr�er un peu.

La tentative de beaut� compl�tement artificielle me choque bien plus que la laideur naturelle. Ainsi je trouvais bien sympathique cette dame ob�se qui gardait sans g�ne un tr�s voyant et prometteur d�but de moustache que cet esp�ce de monstre effrayant couvert de fond de teint, de rouge � l�vre m�tallique retrac� au crayon contour, de maquillage oculaire d�passant les bornes du mauvais go�t et aux cheveux teint et tritur�s de fa�on � les faire ressembler plus � une mauvaise perruque qu'a de v�ritables cheveux. Le tout avec l'intention �vidente que cela paraisse naturel et quotidien; aucun art, aucune authenticit�. Se maquiller par convention, sans y avoir r�fl�chi, en utilisant les techniques connues, en ignorant totalement sa propre apparence, sa priopre personnalit�, son propre �ge. J'osais pas la regarder, de crainte qu'elle ne s'offusque de mon expression de d�go�t marqu�.

Quelle soci�t�, quand m�me! Elle est si d�mesur�ment obs�d� de la beaut� et de la jeunesse qu'elle conduit des femmes � refuser, m�me d�nier de fa�on psychologiquement malsaine les traces honorables que leurs donne la vieillesse et se travestissent en horreurs sans nom, sans r�aliser l'incommensurable absurdit� qu'elles en viennent � para�tre.

Me semble que d'avoir les cheveux blanc ou gris j'en profiterais pour mettre des couleurs dedans: �a doit devenir voyant en criss. Ou juste les laisser comme tel. C'est beau, des cheveux argent�s ou blancs.

Je ne vais pas plus renier ma vieillesse que je ne renie ma jeunesse. Je vais �tre irresponsable maintenant et laide plus tard et c'est fort bien comme �a.

Mais ai-je dit laide? Laide selon qui? Selon les crit�res ambiants pas tr�s cr�dibles de la beaut�? Ah! � d'autres.

En autres nouvelles, je pense �tre retomb�e amoureuse et vu le contexte, c'est une dramatique catastrophe. Heureusement, je n'ai pas � c�toyer cet �lu damn�.

-L