Est-ce que c'est un tort d'�tre heureuse tout en �tant d�motiv�e?

C'est-�-dire de jouir de l'insignifiance et de la routine de sa vie de fa�on parfaitement consciente et d�culpabilis�e?

J'ai cess� de ressentir l'envie de me mesurer � qui que ce soit, de devenir meilleure en quoi que ce soit, de me lancer des d�fis, d'essayer des choses dont je ne suis pas (encore) capables. Je crois que c'est grave. Je connais le contentement de la vie adulte. Je suis sereine. Sereine et appais�e, je vis ma petite vie � pincourt, je travaille, j'y vais en patin contre le vent, et d'un rythme si fr�quent � d�faut d'avoir un bon rendement que je me demande si mon coeur de petite fille flasque et pas en forme ne vas pas crever d'un moment � l'autre. Faudrait que je d�veloppe une foul�e efficace. Mais dans la Force de R�sistance des pentes mal nivel�es de mon patelin, des facteurs de Friction tels que le gravier abondant, les fissures innombrables, la qualit� douteuse du macadam et le vent du nord soufflant all�grement dans ma face, pas �vident de devenir �l�gante, rapide et �conome d'efforts. En tout cas, c'est-bon-pour-le-cardio.

Je suis all�e voir mon show, c'�tait excellent, tr�s excellent, j'ai m�me �t� surprise par l'�nergie et l'intensit� sur sc�ne de Gomez. �a sentait le punk rock et le m�tal m�me, par moment, et �a trashait. Moi qui n'aurait jamais cru qu'on pourrait trasher sur du Gomez. C'est un groupe que m'a fait d�couvrir Alex mon bon ami britannique que j'ai connu sur internet il y a 4 ans de cela. Il m'appelle "Lucy", bien que ce ne soit pas l� mon vrai nom. Pour en revenir � Gomez, Alex m'avait donc envoy� le mp3 de "Wicked Picadilly". Je suis instantan�ment tomb�e amoureuse et j'ai donc amass� tous leurs albums. Qui se r�vl�rent aussi bons les uns que ls autres, offrant � leurs auditeurs un m�lange vari� mais incroyablement harmonieux de styles, toujours amalgam�s � leurs fa�on bien personelle. C'est d'ailleurs un de ces rares groupes qu'on ne peut vraiment d�crire en mots pr�cis, qui n'ont pas de d�finitions propres, parce qu'ils sont tellement infiniment eux-m�me, authentiques, personnels dans leurs musiques: des cr�ateurs qui ne se soucient pas de rejoindre un groupe en particulier, une classe de personne, qui ne produisent pas pour les autres, mais pour eux: parce qu'ils savent que c'est la fa�on la plus efficace, et surtout la plus vraie, de rejoindre r�ellement les gens.

Oh. C'�tait une phrase importante, �a. Je vais la mettre en gras. Voil�.

Et donc... Tr�s bon show. Peut-�tre que l'abstinence volontaire de bi�re m'a rendue moins �nergique/dedans que je l'aurais �t� d'habitude mais pendant "l'encore", que nous la foule avons vigoureusement exig� avec 10 minutes de tapage intempestif et ininterrompu, je me suis vraiment pleinement int�g�r�e � la foule, � la musique, � l'ambiance, � la vibration intense qui unit spectateur et musicien, et qui font des bons shows ce qu'ils sont.

Le lendemain, j'ai fait la tourn�e de mes petits-amis et j'ai crois� ma belle princesse par hasard, qui me traite en sugar-mommy. C'est comme si j'�tais Satin et qu'elle �tait Nana. Mais je re�ois ma paye jeudi et je compte bien lui payer la traite en particulier: elle avant les autres parce que contrairement �, par exemple, L-P, elle ne me fait pas du tout me sentir mal � payer pour moi. Aussi donc, tr�s ch�re K qui lit ceci, tiens-toi le pour dit: j'ai en vue un petit restaurant qui est r�put� comme incroyablement bon. Mais comme tu es v�g�tarienne, on peut aussi songer � Centropol. Enfin on s'en reparle directement.

La paye jeudi. J'y pense, �a m'excite presque, mais je dois faire un effort pour ressentir une v�ritable f�brilit�e. Je fais la liste de ce que je veux me payer comme g�teries: de la teinture � cheveux (noire ou mauve, � d�cider, mais le noir me va vraiment bien), un ceinturon-sacoche qui aie de la classe pour sortir sans �tre embarass�e (� moins que je n'ach�te les mat�riaux pour le faire moi-m�me ce qui peut �tre plus int�ressant), des disques (nouveau de gomez, quelque chose de fugazi, de NIN...) des livres (je veux retourner au colis�e!)... Peut-�tre le magnifique chapeau blanc de paille souple chez Maskarad... Quelqu'un se sent assez mat�rialiste (et patient) pour se joindre � moi?

C'est dur, se trouver de bon partenaires de magasinage, � cause des int�r�ts divergents. Il suffit de si peu pour me d�courager � acheter, me faire honte de ma futilit�... Je manque beaucoup d'�chine dans mes go�ts, moi qui est si �pre � d�fendre mes opinions. C'est particulier. Mon ins�curit� s�culaire avec les gens, peut-�tre...

Pour revenir � cette d�motivation.

J'ai perdu le go�t de transcender la r�alit�. De changer le monde. De me battre. Je ne cr�e plus, je ne discoure plus, je n'�labore plus ma conception du monde dans ma t�te. Je me laisse vivre, insouciante des jours qui coulent doucement, de la douleur du monde, de l'incoh�rence humaine, du besoin d'expression et de surr�aliser toute chose.

Peut-�tre que je vis mon adolescence en retard. Cloisonn�e toute ma deuxi�me d�cennie dans une petite ville m�diocre aux mentalit�s ferm�es, ne pouvant m'�panouir au sein de mes semblables, j'ai carbur� � l'intellect, peut-�tre trop rapidement, en br�lant des �tapes, et j'en suis devenue terriblement angoiss�e: trop intelligente pour son �ge, pas assez sociable pour son d�sir. D�pression, morbidit�, ins�curit�, retard �motionel. � 18 ans, je d�couvre mon pouvoir de sociabilit�, puis des amis, puis mon pouvoir d'attraction, puis ma s�curit� mentale, puis mon assurance, puis ma s�r�nit�, puis ma fiert�, et je suis dans la voie de la conqu�te de ma volont�. J'ai eu une rechute tr�s majeure mercredi dernier (en me laissant aller au plaisir qui, et je le savais, devait conduire in�vitablement � la souffrance), mais je me rel�ve.

� 18 ans, donc, je d�laisse, temporairement je l'esp�re, les hautes sph�res abstraites que je fr�quentais depuis mon entr�e dans le monde des livres, � sept ans, et je me contente de la vividit� des couleurs de l'�t�, de la fiert� d'�tre suante apr�s une activit� quelconque, de mon interraction avec les �tres, de la beaut� des gar�ons aux corps souples et aux pomettes hautes, de celle des filles au courbes sinueuses et divines, du go�t de la nourriture, de la douceur des draps (que j'ai soudainnement quitt� apr�s une heure de songerie), de mon bonheur constant, inb�ranlable, plut�t idiot.

Je... je vis. Je vis mon adolescence � toute allure. R elle-m�me le dit. Je devient autonome, je prend des d�cisions que je craignais m�me d'envisager auparavant, j'affronte des situations qui me laissaient tremblantes et d�pit�e avant. Je ne m'inqui�te m�me pas des gens qui ne me parlent plus, l'obsession amoureuse est disparue pour la premi�re depuis... tout le temps.

Mais en m�me temps me vient une grande lassitude des qu�tes, et un grand d�couragement devant la pauvret� de mes talents, de mon intelligence et de mes accomplissements. Alors, je ne cr�er pas, je ne pense pas, je ne fait rien (parce que je ne consid�re pas mon travail comme quelque chose de productif au point de vue personnel: c'est une occupation finie dans le seul but de faire de l'argent.)

C'est mal?...

-L