C'est bien ma veine. Je marche toute une partie de la journ�e sous la pluie et dans le froid humide, je passe l'autre dans diverses positions d'attente et quand je rentre chez moi, triste, �puis�e et un peu d��ue des r�sultats obtenus par toutes mes courses, le soleil se met � brier, victorieux et dor� sur les tendres pousses vertes des arbres.

Sinon, dans le compte des rencontres quotidiennes, je m'apper�ois que de m'entrenir sur mes petits gants fins est une excellente fa�on de m'aborder selon les plus fuck�s de notre monde. Ce qui serait une bonne chose, parce que habituellement j'aime mieux les fuck�s que les fameux "gens normaux", mais l� on parle des types nerveux, soucieux de cacher leur anormalit�, l'air tout � fait anodin, m�le et dans la trentaine et demie.

Donc... Course � la Place Dupuis, rencontre du papa pour ma prescription, et de mon oncle et de mon fr�re, on d�ne au Peel Pub (yessir), je retourne prendre le m�tro toujours � la place dupuis, direction C�te-des-Neiges, voyage distrait par un individu pour le moins particulier qui me parle de mes gants (eh oui), an�antissement de deux heures de ma vie dans la clinique d'optom�trie de l'Udem, retour � la Place Dupuis par le m�tro pour r�cup�rer ma carte de guichet que j'ai laiss� au bureau de mon p�p� par inadvertance, h�sitation sur le trottoir du Boulevard de Maisonneuve entre la Tour 2 et la Tour 3. Finalement, je descend direction est, me fait toiser par un employ� du Second-Cup sur le pas de la porte, le lui rend bien, tourne sur la petite rue dont le nom m'�chappe, me retrouve sur Ste-Cath dans le Pharmaprix, et attend aux c�t�s de Dudes qui boivent des petits verres de jus d'orange. Je m'assis aux c�t�s de deux de ces individus. L'un se l�ve, boit son verre et s'en va. L'autre me demande, "t'es ici pour ta m�thadone?...". La notion que la m�thadone est prescrite dans du jus d'orange me revient subitement. "Euuuh non, mon probl�me est plus ordinaire que �a.." et bien s�r, il me parle de mes gants. Il parle tr�s vite, avec un accent, ces paroles sont dures � distingu�es mais il s'exprime n�anmoins assez bien. Et il me jase �a... Enfin je vais voir la pharmacienne, c'est mon tour, et commence � lui parler de mes ulc�res, s'il y a quelque chose � faire. Non. Rein sauf me gargariser. J'ai r�sist� � la tentation de tirer ma l�vre inf�rieure pour lui montrer la rago�tante inflamation blanch�tre, et je suis ressortie. C'est � ce moment pr�cis que j'ai commenc� � en avoir ras-le-bol. De quoi exactement? Je ne saurais trop dire. Coin sanguinet ste-catherine, encore une h�stiation, devrais-je descendre vers le CLSC de la Clinique des Jeunes pour t�ter encore dans une putain de salle d'attente et savoir quelle sorte de vaginite j'ai et que dois-je d�bourser eeeeencore pour la traiter? D'la marde. L est �coeur�e. Je continue � marcher sur Ste-Catherine, vers l'ouest. La vue de la punk-qu�teuse avec son chat perch� sur l'�paule me rass�r�ne. Je crois qu'elle s'appelle Jos�e. Enfin c'est le nom que semblait gueuler Freak-of-Frank l'autre fois pour qu'elle s'approche (avec son chat). Lequel, est, d'ailleurs, inexplicablement disparu depuis au moins une semaine. J'suis juste un petit peu inqui�te.

Je tourne sur St-Dominique, j'entend des cris de jeunes m�les apostrophant le vieux-monsieur-qu�teux qui tente d'entrer par une backdoor ouverte d'o� vient de la musique. Il sort et s'exclame, pour garder une dignit�e que nul ne lui demandait d'avoir, "J'vais pas voir �a, �a a pas l'air bon!". L'odeur fauve de l'urine s�che r�humidifi� par la pluie me saisit � la gorge en vue du Carr� de la Paix et enfin, c'est la d�livrance, je suis chez moi.

Depuis que j'�cris, �a s'est recouvert.

-L