J'ai la naus�e, depuis environs deux semaines. Moi qui avait une digestion parfaite, je ne peux plus rien manger sans me sentir le mal de coeur par la suite. Mon docteur de famille, maternellement inqui�te comme l'excellente practicienne qu'elle est, m'a prescrit une couple d'analyses sanguines et de biopsies � aller endurer � St-Luc, par un grand matin dans la triste salle d'attente qu isera, bien-s�r, bond�e de gens malades, de famille de chinois entourant leur a�eules rhumatiques, tous en bande et se supportant, jusqu'au cinqui�me degr� de parent�e.Je trouve que c'est un champs d'observations int�ressant. Tous ces gens rassembl�s par leur morbidit�, comme dans un petit clo�tre en marge du reste du monde

...

Je suis triste � voir, j'ai les joues toutes roses de fi�vre et les traits creus�s, tir�s, les paupi�res inf�rieures gonfl�es, les paupi�res sup�rieures luisantes, les cernes violac�s, l�g�rement lustr�s comme les paupi�res.

Et cette boule dans le duod�num, ce bloquage en haut de l'estomac, cette surproduction de salive. Et les maux de t�tes.

C'est peut-�tre le beurre, qui commence � �tre, ma foie (quelle bonne blague!) fort rance. Ou peut-�tre pas. Que sais-je?

L-P est gentil. Il va peut-�tre finalement gagner cette �ternelle manche de la conqu�te de mon coeur. Il a des mots doux pour moi, des paroles tendres, plus aucune asp�rit�s dans la d�monstration de sa connaissance de moi. �tre avec lui, lui parler, contempler sa bouche aux jolies l�vres roses, lisses et retrouss�es, est agr�able. Sa brutale innocence, son honn�tet� toute crue, semblant �tre de la narguerie, n'�tant que l'�manation lumineuse de cet �tre vrai, est totu � fait attachante.

Je tentais de passer l'aspirateur, que j'avais pr�t� auparavant � ma voisine. Cette pr�c�dente fois-l�, nous avions vainement tent� de comprendre pourquoi celui-ci refusait d'aspirer. L'indicateur de changement de sac passait constament � l'orange, et ma voisine en d�duisait que c'�tait la marque diff�rente des sacs. Pourtant l'embout passait parfaitement dans la valve de caoutchouc, c'�tait absurde... Quelques jours plus tard, aujourd'hui, je tentai un deuxi�me essai. L'indicateur �tait vert. Mais d�s que l'aspirateur se emttait en marche, il passait instantann�ment au orange. De plus, il �mettait un sifflement aigu, anormal, de b�te surmen�e, compar� au chuintement habituel. Interloqu�e, j'ouvris le compartiment du sac et m'assurai d�finitivement que la probl�me n'�tait sans doutes pas l�. Le sifflement m'avait mis la puce � l'oreille, je me suis dit que peut-�tre il y avait quelque chose de bloqu� dans la tuyau de plastique.. Je me mis � d�monter le tronc en m�tal. Premi�re trouvaille dans la balayette se trouvant � l'extr�mit�: un vieux stylo. Roulant les yeux au ciel devant une telle n�gligence, je vais cogner chez ma voisine, lui tendre au nez sa grossi�re insouciance. Elle me fait un commentaire de s�quelle, je rentre chez moi continuer le diagnostique et la th�rapie de mon aspirateur. Je retrouve finalement, dans l'esp�ce de canon rigide, de l'esp�ce d'�trange pistolet qui sert de poign�e au tuyeau de la balayette, une capsule de bi�re coinc�e de travers, ce qui explique le sifflement.

J'�tais contente. J'avais r�gl� mon probl�me, par moi totue seule, au lieu de baisser les bras et de refuser de chercher plus loin.

Alors, tout en aspirant, ma cervelle commen�a � �lucubrer de petites conclusions pop-philosophiques assez mignones, que je vous transmet � l'instant.

Le probl�me n'est pas toujours o� l'on pense qu'il est. C'est la carte du Deux de Denier du Tarot de Marseille, d'ailleurs. La premi�re conclusion est toujours logique, mais pas toujours vraie. Nous ne connaissons pas toujours les causes, et il est pr�somptueux de b�tir un jugement h�tif sur les seules que l'on conna�t. Il faut fouiller, se remettre en question, se tromper, assez pour se coincer les doigts des fois, m�me se p�ter la gueule. Nous remettons trop souvent sur un inconnu tout puissant la source de nos probl�mes. Souvent, une approche nouvelle, m�me si elle est � t�tons, peut �tre salutaire, r�gler nos tourments. Nous ramenons tout sur nous-m�me, r�duisons le probl�me...

Mais bon, nos sentiments sont un outils puissants pour r�agir � l'absurdit� du monde (c'est d'ailleurs l� une th�orie toute nouvelle que j'ai lue dans le Scientific American), il est difficile de s'�crater rationellement de ces instincts de conservations, l'�go�sme, la m�fiance, la fatalit� qui nous emp�che de nous tourmenter sur des id�es fixes... Nietzsche n'eut-il pas eu son id�e fixe de l'�ternel retour, e�t-il accept� de ne pas pouvoir tout savoir dans un petit acc�s minime d'humlit�, il ne fut pas devenu fou. Mais Nietzsche, voyons, le Grand Philosophe Pr�nant une Surpuissance Contre Nature! Retomb� parmis ces faibles qu'il disait falloir �liminer, il dev�nt la tr�s ironique d�monstration de la m�chancet� et de l'injustice morale(je n'oserais tout de m�me dire "incorrecte", je ne suis pas assez f�rue de Grande Philosophie pour �mettre un jugement aussi profan�ment pouss�) de sa doctrine. J'aime bien mieux la charit� rationelle de Zola, cet humaniste, cet ardent travailleur, qui disait, et je cite: "Lorsqu'on ne se met pas � un point de vue unique, on voit l'utilit� de chaque �tre."

Je suis de moins en moins pour une soci�t� individualiste. En fait, tout mon individualisme est en fait un f�roce anti-conformisme; ce qui se doit vraiment d'�tre individualiste, c'est sa propre personnalit� et la justice particuli�re. De toutes fa�ons, je crois que l'individualisme est inh�rient au socialisme. Car une soci�t� reconnaissant l'�galit� de chaque �tres ne peut justement reposer que sur des �tres �gaux dans leurs accomplissement d'eux-m�me. De l� l'invalidit� des masses.

Les Schtroumpfs avaient compris...

-L