Je suis gel�e. Au canabis. Une ivresse lucide, une d�connexion mod�r�e, le flot de ma pens�e enfin r�duit � une pens�e � la fois. L'id�e s'associe � l'id�e suivante et la ronde torubillonante et folle, l'exc�s d'activit� mentale brimant ma m�moire et donc se tirant dans le pied, est assagis, concentr�, r�duit � un filet mince mais pur d'une eau potable. Mes sens, stimul�s par une chose � la fois, errent sans pr�diction, s'�gare sur le papier. Je retiens chaque inspiration, not�e au pinceau-feutre. Je ne m'occupe pas de ces gens et de leurs attentes, je l�ve le nez sur les exigences qu'on a de moi, les vues qu'on a de moi, ce qu'on pense du poil sur mes cuisses. Je ne suis pas une victime. Je suis libre. Libre des entraves de la convention, libre du besoin d'�tre comme quelque chose, quelqu'un, des gens. Libre des reproches et insensible au jugement. Je suis un �tre complexe � d�faut d'�tre complet, je peux explorer le monde entier du si�ge de ma seule personne et il me suffit de m'avoir moi-m�me comme compagnie. Quel besoin d'�tre comprise, apr�s tout? N'est-ce pas �a, le mur que j'ai besoin d'escalader? Celui contre lequel je croyais m'�tre �cras�e? Est-ce que le mur, ce n'est pas ce besoin insens� des autres? Dompt�e jeune � ne pas �tre accept�e, j'ai donn� un sens surr�aliste, carr�ment surhumain, a la compagnie d'autrui, plut�t que de la prendre pour ce qu'elle est. Eh! Quelle besoin de me comparer? De m'inqui�ter? De m'angoisser? De m'enrager! J'ai mon chemin � suivre, je n'ai pas n�cessairement � le partager. Je n'ai pas � �tre un ange d'endurance et de compassion. Je ne suis aux pieds de personne, parce que personne n'est � mes pieds. La soumission, �a en peut pas marcher d'un seul sens. C'est une rue � deux voies. Une soumission mutuelle est l�gitime, on l'appelle "compromis"; une soumission unique, c'est de la tyrannie, de l'humiliation, une absence de respect v�ritable et de l'�gocentrisme de l'autre c�t�. Moi, �a m'int�resse pas. Les feux de circulation, c'est pour tout le monde.

Et je dois apprendre � me servir de leurs armes, aussi sales et d�loyales soient-elles. En avant, les comparaisons douteuses, les attaques personelles, la pr�somption! Personne ne se soucie d'argumenter de fa�on juste... Pourquoi je les laisserais avoir raison?

...Est-ce que j'oublierais la fi�vre? Le feu rouge sur le haut des joues? Les yeux brillants d'une flame de passion v�ritable?

Ouais mais je ne suis pas le jouet de personne. Je ne serai plus jamais une poup�e jetable. On ne met pas L au rancard pour l'en sortir apr�s. Et c'est finit, de se pr�occuper de gens qui nous font mal.

...Mais c'est sinc�re toute cette histoire.

Enfin. Pas de stress avec �a. Je vais continuer � flotter dans mon nuage de cotton. Dans le confort de cet Eden � un, dans l'illusion de p�r�nialit� du pr�sent, dans ce voyage rythm� de la musique, qui m'englobe dans ses volutes. Je n'ai pas besoin d'�tre dans les bras de personne. D'�tre cool pour personne.

Fuck it.

Fuck it all...

Il y a un gar�on gentil, compl�tement boh�me, qui regarde avec des yeux doux, sur Ste-Cath. Il s'assit toujours en-dessous de sa tr�s personnalis�e arche, et joue sa guitare. Il a une petite gueule � la Kobain, il interpr�te des pi�ces authentiquement de lui, aux sujets assez "drogu�s" eux-m�me. Y'chante pas mal. On se sent en s�curit� � c�t� de lui. Je vais lui apporter du caf� demain, je pense. S'il ne se souvient pas de moi, on refera connaissance. Je ne risque rien. Je dirai que j'ai pens� � lui. Que j'avais de la peine parce qu'il avait froid. Je ne veux pas que les petits gar�ons libres, qui refusent de se soucier de l'argent et de la m�chancet� des gens, aient froid � cause de �a. Je ne veux pas que les petits gar�ons qui chantent des chansons sur leurs trips de LSD et les arbres qui viennent lui parler grelottent. Je ne veux pas que les gentils petits gar�ons qui me disent de ne pas m'en faire pour mon coeur bris� et d'arr�ter d'�tre gentille pour rien avec tout le monde aient � souffrir de la cruelle morsure de ce m�chant printemps. Je ne veux pas que ces �tres doux, vrais et d�nu�s d'hostilit�, qui m'offrent d'allumer des joints qu'ils viennent de se rouler, qui me regarde avec des yeux tr�s bienveillants, soient maltrait� par ce m�chant air froid les enserrant dans son atroce omnipr�sence. J'irais lui porter du caf� tout de suite si j'�tais pas teeeellement gel�e. Wah...

Y fume du bon stock, Freak-of-Frank.

-L