J'�coute Greenday, et pour une raison ou une autre �a me fait penser � toi. Je repense � ton humour fou, absurde, d�capant, qui me faisait rire � tout coup. Je me rappelle toutes les fois que tu as au moins voulu me faire sourire quand j'avais le moral dans le fond de ma mule ou de ma botte lac�e. Greenday, pour une raison ou une autre, me rappelle ta gentillesse, ta compr�hensivit�, le soulagement que m'apportait ton air attentif, concentr� et s�rieux quand je te contais la noirceur des remugles de mon esprit... Et le r�confort de voir que cette parfaite apparence d'�coute n'�tait pas de la fum�e sans feu, avec ta sensibilit� toute pr�te � m'�pauler sans bavure, comme un v�ritable ami le ferait.

Je me souviens de ton ouverture d'esprit, de pleins de pr�jug�s que tu �tais � mon endroit au d�but de l'ann�e � la camaraderie sp�ciale qui s'est d�velopp�e par la suite entre nous...

Je me souviens des pr�cautions que tu prennais envers ceux que tu consid�rais, ces petites choses minuscules qui font toute la diff�rence: "je suis d�sol� je dois y aller", "j'esp�re que �a ne te d�range pas" "est-ce que �a va, non, s�rieusement"...

J'ai eu des pens�es tendres pour toi, j'en ai encore, mais celui auquel je tiens le plus, m�me si avec l'�t� il me d�laisse un peu, ne connaissant s�rement le prix que je lui accorde, et entour� de toute part par des amis qu'il m�rite bien, c'est ce gar�on avec qui je pouvais discuter sans craindre le recul, le mouvement de d�fense et de fermeture du conformiste...

Il me semble que dans leurs accords de guitare francs et dans leurs paroles intelligentes sans �tres fumeuses, dans leur m�lodie heureuse avec une pointe d'amertume, je te retrouve un peu, et je souris.

J'ai ta photo juste derri�re moi, je la vois si je me retourne lorsque j'�cris , je vois le portrait que j'ai fait de toi lorsque je dessine, je vois encore la premi�re photo quand je m'�veille...

J'ai envie de te chanter quelque chose ou de te prendre dans mes bras. J'ai envie de caresser ta joue en souriant. J'ai envie que tu me parles de ce qui t'arrives, de ta vie, de toi, de ce � quoi tu penses, de tes dilemmes de coeurs, de tes bonnes fortunes comme de tes mauvaises. J'ai envie d'�tre assise � c�t� de toi au soleil et de simplement voir l'apr�-smidi pass� dans notre discussion. J'ai envie de me sao�ler � n'importe quoi et de m'endormir dans tes bras. J'ai envie de d�tailler tes traits � la beaut� grecque sans pr�tention, sans �clat, discr�te, qui demande un oeil averti. J'ai envie de te kidnapper avec moi et de t'emmener sur la montagne � Montr�al, te faire fumer au son des tams-tams et � t'embrasser sous la pluie.

"I know who i want to take me home"... Oh, oui.

Je regardais ta nucque avec plaisir dans le bref apper�u d'hier. Quand notre charmeur national l'a remplac�, j'�tais un peu moins contente. Il a beau �tre Dom Juan avec ses dents en perles, il ne vaut pas l'air que tu as quand tu �coutes.

Je me souviens de certaines choses que tu m'as dites, comme j'en ai oubli� d'autre. Je me souviens de notre discussion sur Camus. Je me souviens de certains de tes jeux de mots sans relations avec le monde du commun des mortels.

Je me souviens de ces choses avec une ardeure toute particuli�re parce que je sais qu'elles sont perdues � jamais.

On va garder contact, mais oui, c'est des conneries tout �a, tu es trop occup� par ta vie nimb�e de soleil et d'amiti� pour penser � moi, et c'est bien comme �a, je comprends quand m�me l'�cart, la diff�rence d'int�r�t qu'il y a entre eux et moi pour toi, et je t'assure que j'en suis contente et que je te souhaite le meilleur de tout.

Quand je penserai � toi � l'avenir, ce sera avec un sourire honn�te, sans dissimulation, �mu, presque le sourire d'une nouvelle mari�e, et mes compagnons riront bien quand je leur dirai que je pensais seulement � "un bon ami � moi".

Et pourtant ce sera vrai.

Tu es l'ami qui fait sourire quand on pense � lui.

Bonne vie, Guillaume.

-L