J'ai un amant. Un vrai. Un pour qui je ne suis pas qu'une dans une marre d'autres. Un qui me consid�re. Qui me croit quelqu'un. Qui prend le temps. Qui me trouve digne de.

Il est tout le contraire de tous les autres. Ce n'est pas un perdant, ce n'est pas un vampire, il ne se fout pas de moi, et, incroyablement, il voit quand j'ai mal. Plus incroyable encore, il est incapable de me faire mal.

C'est un romantique qui pr�f�re toucher d'un millier de fa�on et ce durant des heures, que de m'enfoncer son engin entre les jambes sans v�ritables int�r�t ou pr�cautions apr�s 15 minutes d'insignifiances.

C'est quelqu'un avec qui ce que je fais � un sens. Avec qui ce que je dis sera pris. Ce qu'il dira sera entendu. Nos touch�s nous �veillent, plut�t que de nous laisser indiff�rents. Sa peau me donnent des �motions: elle a une texture plus lisse, plus chaude, plus personelle que les autres peaux.

C'est quelqu'un qui sourit, qui parle et parle et parle, suivant les charmants sentiers fleuris dans sa pens�e, compensant pour mon nouveau silence, le silence de la contemplation.
C'est quelqu'un qui va se lever d'un profond sommeil � deux heures du matin parce qu'il m'entend g�mir insensiblement � c�t� de lui; plus encore, c'est quelqu'un qui va prendre le temps d'interroger m�thodiquement la forme fi�vreuse et incoh�rente qui r�pond inintelligiblement apr�s beaucoup de douces questions pas de couverture, oui, de l'eau, s'il te pla�t.

C'est quelqu'un qui va apprendre humblement les chemins de mon corps, sans rien vouloir en retour. Qui va m�me refuser mes maigres tentatives de retour, quand elles se font trop entreprennante: si je n'ai pas aussi ma part, il m'emp�che.

C'est quelqu'un qui, incroyablement, semble s'int�resser � moi, authentiquement, qui veut ma personne, l�, n'importe quand, et ce qu'il y a dans sa t�te.

Je pense tout le temps � lui. � la forme de ses �paules fortement model�es, � la couleur et au grain de sa chair, aux ondulations que ses cheveux prennent � diff�rents stades et moments, � son sourire sur diff�rents angles, au go�t de sa fra�che salive, � l'incroyable limpidit� de ses yeux, � son prodigue bavardage, qui fait fondre la couche de froideur entourant la vraie L, la L p�tillante, dont la pens�e tourbillonerait aussi comme un chaton pourchassant de multiples mouches...

Je pense qu'il ne m'a pas trait�e comme une odalisque dans un harem, comme l'a fait L-P. Il aurait pu; l'occasion �tait l�, c'�tait facile. Je ne suis donc pas qu'un consentement; je suis aussi une attraction, une attraction d�finie par qui je suis et qui il est. Je n'aurais pas pu �tre n'importe qui d'autre. Je suis quelque chose en particulier pour lui. Sans �tre exclusive, ni quelque chose de plus, j'ai ma place bien marqu�e en lui.

Ses id�es et des choses qu'il me dit me trotte dans la t�te. Des phrases amusantes, des compliments, des id�es, des inventions si charmantes, quelques obsessions. Des tics qu'il a. Sa fa�on hoquet�e de rire.

La forme de son corps compar� au mien. Sa tol�rance. Son absence de m�pris. Sa capacit� � discuter sans jamais d�truire ce que l'autre dit.

Je suis un cam�l�on, socialement... Je n'agis qu'en r�action, ou je crois le faire. Mettez moi avec une gentille personne, et je serai gentille aussi.

Avec B, je deviens rieuse, bavarde, gentille, c�line. Qui j'�tais avant de devenir une poup�e jetable.

Il a pris la poup�e, et il lui a fait des transfusions, une greffe du coeur, reconstruction des tissus vaginaux et vestibulaire en progression, de la peau, reconstruction des terminaison nerveuse � l'aide de cellules souches de foeutus morts, des paupi�res, une bouche, qui peut enfin, enfin! s'ouvrir et grincer ou g�mir ou m�me hurler de plaisir.

Nous nous tenons par la main, partageons nos id�es, construisons des mondes imaginaires, d�lirons, de consid�rations futiles en contemplations profondes.

Un million de charmantes attentions pour la coupable et repue �go�ste que je suis.

Lover #1.

Je m'en vais � Chicago demain et il va me manquer, beaucoup, beaucoup. M�me si je ne l'ai rencontr�, dans la vraie de vraie vie, que mercredi dernier.
-L