Dans le fond, elle avait raison. Suffit de s'arranger dans sa t�te pour avoir gagn�. Et de la fa�on dont elle en parle, j'ai gagn�. Je suis la grande gagnante souveraine, femme forte, avec une volont� implacable selon J, les cheveux et la robe classique au vent, aim�e, appr�ci�e, active, talentueuse, en pleine d�couverte des choses, allant de l'avant et je suis plus sp�ciale que toi parce que toi, tu partageras jamais de tasse avec personne, toi. Une bleue une rose, prise au Village des Valeurs. Non. Tu ne voleras jamais des fleurs ou de la lingerie pour quelqu'un, par pure adoration externe � toi-m�me. Trop occup� � peindre ton propre lac, toi. Tu n'es que toi pour toi. Il y a une dimension qui te manque.
Ce tu �tait pluriel.
Comment est-ce que j'ai jamais pu me sentir perdante dans ces histoires? Aucun sens!

Elle sait peut-�tre que je n'avais jamais eu �a non plus et que je suis �norm�ment contente de l'avoir avec elle maintenant. J'esp�re juste que �a ne va pas briser bient�t.
En attendant j'attend toujours d'avoir quelque chose � dire. Frapp�e en plein visage par la s�r�nit� existencielle au milieux de mon mononucl�otique printemps dernier, je suis encore toute abasourdie de ce fond de joie constant. Ma contemplation de l'amour de la vie m'absorbe toute enti�re, trop encore pour me donner envie de combattre quelque chose dans cette vie � laquelle je ne veux plus faire mal. 17 ann�es pr�c�dentes de hargne, de mal � l'�me et de noirceur doivent �tre amend�es et compens�es. Ce chamboulement me donne la t�che de me repositionner moi, ce que je pense de moi, ce que je pense que les autres pensent de moi, ce que je penses des autres et ce que je pense de nous tous dans un sens encore plus large, le tout dans un ordre stable, confortable, ouvert.

Je n'ai jamais fait semblant et d�cider quelque chose maintenant, vu le contexte, serait faire semblant. Le sens tout relatif, responsable et sartre-esque de la vie ne se trouve pas en 5 minutes et peut-�tre que lui a en partie raison dans la grande psychanalyse qu'il a fait de moi r�cemment, je m'arr�te un peu trop t�t en chemin lorsque je pense. Mais je ne regrette quand m�me pas l'absolu, ce serait trop terminal, trop �touffant, trop rassurant quand m�me. J-P, tu me sous-estimes.

Quand je m'enfuyais au travers du Vieux-Montr�al l'autre jour, je suis finalement arriv�e sur l'all�e du vieux port. C'�tait d�sert. Il n'y avait que l'immense espace vide, �galement �clair� par des luminaires blancs. En bas de la cl�ture ais�ment escamotable, l'eau noire, qui absorbait toute possibilit� de reflet, et qu'on sentait bouger, quand m�me.
Je contemplais cette marre anihilante, et je pensais, "se suicider ici serait d'une facilit� d�concertante. Il n'y a personne, une barri�re d�risoire et l'eau d�j� profonde".
�a m'a �norm�ment rassur�e, parce que je sentais profond�ment au fond de moi-m�me que je n'avais aucune envie � ce moment-l� de commettre un tel acte. Les bruits �quivoques se sont fait moins forts, mon coeur a ralentit sa cadence et mes muscles se sont rel�ch�s.

Les autres sont hors de notre contr�le. Mais nous avons le contr�le total sur nous-m�me. Et personne d'autre ne l'a. Car on pourra toujours, dans la pire situation de coercition ou de s�questration, trouver une certaine libert� en nous-m�me. Parce que la lobotomie, c'est pass� de mode.

L'autre jour, j'avais tort. Je n'ai pas une douzaine de pr�tendants. J'ai peut-�tre dix ou onze possibilit�s assez vagues, pas plus. Mais �a reste bien.

Voyez, �a s'en vient plus articul� ici. Merci, seroquel.

Il y a quelqu'un dans la salle d'ordinateur qui fait des bruits bucaux et volontaires fort d�sagr�ables. Maudite marde, que j'ai h�te que mon p�re vienne formater l'ordinateur...
Le genre qui s'extasie de m'entendre tapper vite et se croit obliger de m'en faire part. Et je suis bien trop passive agressive pour faire quoi que ce soit.
-L