J'�tais au Lac-St-Jean toute la fin de semaine. Demandez-moi pas ce que je suis all�e faire l�, je ne sais trop moi-m�me. Pourquoi j'ai accept�. J'avais plein de choses agr�ables � faire � Montr�al, j'aurais d� pr�voir qu'un road-trip au Lac St-Jean en l'espace de deux jours et demi �quivalait � �tre enferm� dans un char les deux tiers du temps.
Demain les am�ricains votent. On va voir si la connerie persiste dans ce pays ou bien si l'�normit� de tout ce qui s'est pass� durant ces quatre ann�es aura �t� suffisante pour jet� l'ombre d'un soup�on dans leurs esprits t�tanis�s par les m�dias d�magogiques. Yessir.
Je suis agressive, je mord, mon enthousiasme joyeux n'est que de la rage canalis�e.
La rage! La rage d'�tre toujours la b�te de cirque pour autrui. La fille �trange. Celle qu'on peut blesser, ignorer, ridiculiser, utiliser de fa�on incons�quente. Pas besoin de l'�couter, elle parle tant! Je parlerais s�rement moins si on r�agissait � ce que je disais. Pas besoin de la consid�rer, elle est si... �trange. Pas besoin de la saluer en retour, la d�visager suffit.
Certaine rares personnes le font, le reste passe outre lorsqu'il ne comprenne pas mon d�gueuli verbieux de spiritualit� auto-d�risoire.
Je suis tr�s fatigu�e. Je recommence � �tre capable de dormir.
Pourquoi le jus sort pas ici? Je pense tout le temps, quelques foi je fais m�me des liens int�ressants. Mais j'oublie tout. J'ai beau �tre, et penser, et agir, et faire, et pr�voire, j'oublie!... Comme courrir sur un tapis roulant qui se d�sint�gre apr�s que le pied tracteur se soit soulev� � son tour, entra�n� par l'autre pied qui a pris la rel�ve.
Je ne vous saisis pas.
Est-ce qu'on vit tous dans un gros mensonge? Des perceptions boiteuses qui s'entrechoquent � l'aveuglette? Mon moignon de sentiment s'�gratigne sur ton h�moragie visqueuse d'�go�sme.
La m�dication me brouille, moi, ce que je vois et qui je suis. J'agresse, je f�che, je m'excuse, je suis impolie, je me sens �tre la grosse lourdaude qui ne conna�t rien aux usages courants. O� est l'offense? O� est la d�fense. Quand commence la juste col�re et o� se termine l'aveuglement. Est-ce qu'on est tout repli� sur nous m�me comme des robes enlev�es, � se regarder l'ext�rieur comme si c'�tait en dedans? Qui est-ce qu'on voit, quand on regarde quelqu'un d'autre. Soi-m�me? Ce qu'on veut en voir? Un beau canevas pour un tas de mensonges?
Comment fait-on pour vouloir faire? Doit-on se trouver une direction au pr�alable? Qu'est-ce qui pousse les gens � l'action? � l'envie de l'action? Je me demande. Je ne vois pas. J'ai toujours v�cu une bonne fraction de ma vie toute absorb�e dans mon �merveillement du monde, dans mes petits univers int�rieurs. Est-ce que l'action comble le vide int�rieur? Faut croire. C'est vrai que je ne pense pas � grand chose quand je sors, que je danse, que je bois. Les id�es nous hante quand on est silencieux. Quand on pense. Qu'on se pose des questions sur l'immense majorit� des choses qu'on ne comprends pas. Peut-on vraiment �tre un philosophe sans une immense dose de pr�tention? Faut-il vouloir r�duire l'univers, pour le mettre dans un syst�me!
D'un autre c�t�, ils ne sont pas tous ainsi. Ils ne veulent pas tous caser l'humanit� et le reste dans une machine aux multiples engrennages interd�pendants.
Mais moi... Moi je suis inqui�te, je vous regarde avec des yeux pleins de craintes, je vous attaque pour ne pas que vous m'attaquiez, je me taille une place seulement pour ne pas �tre coll�e contre vous. Parce que vous �tes pleins de pics, de pointes cach�s ou de crocs n�gligeants, et �a me blesse.
-L