Je vagabondais dans l'espoir de trouver un vagabond, au croisement de St-Hubert et Ontario, car c'�tait le seul indice que je poss�dais. J'entrai dans le tr�s chic march� richelieu, r�dant dans les all�es, comparant les prix (L'IGA de Louise M�nard n'est que l'impersonnification du racket), examinant les individus. J'en cherchais un dans le milieu de la vingtaine, avec peut-�tre un piercing au sourcil, avec peut-�tre un chapeau. � la caisse, � laquelle je d� m'astreindre de patienter afin de m'offrir gracieusement � moi-m�me une sucette glac�e bryers au vrais de vrais fruits, je pu faire l'examen minutieux d'un pauvre viel ivrogne, la tuque toute retrouss�e sur son cr�ne comme une condom d�pos� mais point enfil�, dans une tr�s savante disposition de ce couvre-chef afin qu'il tienne solidement malgr� son apparente pr�carit�. Il comptait sa monnaie pour s'acheter une unique bouteille de corona, et grommelait p�teusement � la caissi�re indiff�rente, � peine polie, au point que cela m'offusquait qu'on manqu� de respect � cette pauvre vielle outre.

Je ressortie et entrepris de d�baller ma friandise, en me dirigeant vers la premi�re petite rue calme que je trouverais. L'ayant descendue puis remont�e, sans y rien trouver de particulier sauf pour le parc Claude Melan�on, minuscule parcelle de terrain am�nag� puis laiss� au plus total abandon, infiniment m�lancolique, pourissant dans l'ombre, avec son tapis de vieille feuilles mortes applaties. Je me dirigeai plus loin et tombai sur une rue tout aussi calme, la rue St-Timoth�e o� je pu remarquer,� l'extr�mit� gauche un tas d'ordures install�s devant un signe fort explicite interdisant les d�tritus, un cheval-balan�oire dont la t�te manquait. Un vieux monsieur le pris, le souleva, le transporta lentement jusqu'� l'extr�mit� droite et l'y reposa, dessus-dessous. J'eu aussi un long regard mutuel avec un petit chat qui me consid�rait du haut d'un escalier de fer forg�. J'ai aussi vu un fauteuil abandonn� en face d'un grand HLM, entre maisonneuve et ste-catherine. Je suis revenue vers la maison, et je me suis achet�e une nouvelle paire de souliers bon march� en passant.

Hier, vers les 23h00, devant st-laurent, j'ai vu une paire de bottes abandonn�es, reli�es ensemble par les lacets. Je les ai regard�es assez longtemps, puis, un monsieur me demanda poliment si je cherchais quelque chose. Je lui dis que je contemplais ces bottes abandonn�es mais soigneusement r�unies. Je pris mon appareil photo pour photographier une telle singularit�. Il me demanda pourquoi je faisais cela, si j'�tais photogrpahe, et je lui dit que j'�tais simplement une personne aimant � photographier les choses bizzares. Nous avons march� ensemble jusque chez moi (c'�tait � deux coins de rue) en discourant sur nous m�me. Il habite � c�t�, dans un studio qui lui co�te cher. Je ne sais pas son nom, mais s'il me recroise, il veut que nous allions prendre un caf�. Il a, bah... 30 ans.

Un gentleman (qui se reconna�t s�rement) me paye le ticket pour aller voir AIR le 16 avril (YEA!). Ma gyn�cologue a calcul� que je commencerais mes r�gles � cette date pr�cise.

Je continues � vouloir rester chaste et pure. Mais, comme il se produit souvent, plusieurs personnes � la fois m'ont r�v�l�es que mes probl�mes viennent du fais que je ne dis pas ce que je ressens. Incroyable, (quand on lit ce journal) mais vrai. Donc je ne communique pas. Donc je suis ins�cure. Et c'est vraiment idiot de ma part de communiquer aussi peu. C'est pas pour rien que tout va toujours tout croche. Mais c'est parce que je suis tellement timide et ins�curis�e que je suis paralys�e et j'ose pas rien dire. D'un autre c�t�, je ne peux pas continuer � coucher avec un gars qui ne m'embrasse pas et ne me pelotonne pas dans ses bras. Et c'est carr�ment c'que j'vais lui sortir. Son pi�destral a vol� en �clats, s'est effondr� en poussi�re, s'est d�band� en boue. Je vais devenir tellement baveuse... En attendant, je le boude sans qu'il le sache. C'est une tactique incroyablement satisfaisante, qui me permet d'�tre l�che et rancuni�re � la fois; en effet, j'exerce toute ma col�re et mon d�dain dans mon vaniteux refus d'entrer en contact avec lui, comme si c'�tait une punition, et comme lui-m�me n'en sait rien, personne ne se fait de bile. Et pendant ce temps-l�, j'ai le temps d'�vacuer tranquillement tout mon fiel et mon venin. Puis il va rappeler, dans deux semaines peut-�tre, et je vais me faire une joie d'�tre persiffleuse et cynique.

L'�tre honni m'a observ� intens�ment aujourd'hui, avec son air piteux et doux, alors que je marchais rue Sanguinet pour revenir chez moi. Je l'ai vu, j'ai tourn� lentement ma t�te vers l'avant, l'air hautain, le nez et les sourcils l�g�rement orient�s vers le haut, et j'ai continu� mon chemin sans gu�re plus m'en soucier. Le vil personnage! Comment ose-t-il poser ses yeux trompeurs sur moi apr�s sa l�chet�, son atroce mensonge! Apr�s m'avoir d�vast�e de par son ambivalence, apr�s m'avoir rendue malade, apr�s m'avoir trahie, apr�s avoir fait de moi le dindon d'une farce reconcoct�e par 4 fois de suite!

voil� tout.

-L