L tente de faire son devoir d'animation. L est m�lancolique, il pleut et fait gris-uniforme-laid dehors. L a appris a aimer le soleil dans les ann�es r�centes de sa vie, elle a d�laiss� son ancien amour de la pluie. C'est peut-�tre en rapport avec la mort des ins�curit�s. L est d��ue, elle ne comprend pas les gens, elle voit les limites, ou ne les voit pas, elle ne peut concevoir celui-ci ou celui-l� ou con�oit trop, elle se fait crucifier ses epoirs. L se sent un relent de d�prime que l'engourdissement du m�dicament rend �trange, inconsistant, difficile � saisir. L est obs�d�e de son lapin, qui l'appelle d'un surnom qui l'agace mais qu'elle ne peut qu'aimer venant de lui. L est ind�cise par rapport � ses cheveux. L est tann�e des r�les restrictifs qu'on lui impose. L est am�re du bref retour � son �cole secondaire o� elle s'est souvenue � quel point on s'est foutu de sa gueule.

L ne croit plus � beaucoup d'individus; mais elle a de la peine pour les pincements anxieux de Super-J, elle ressent un m�lange d'admiration m�l�e d'envie pour Ra qui lui ressemble mais si peu en m�me temps, elle aimerait bien �tre plus proche d'elle. Elle a de la mis�re � concevoir l'int�grit� et la v�rit� profonde de L-P, qui n'a qu'une facette, qui est rest� constant � travers les mois et les ann�es, qui est un �tre complet sans rien d'aga�ant dans ses d�fauts ou ses qualit�s. L-P. Un v�g�tarien tr�s svelte, assez petit, � la m�choire d�finie, un peu angulaire, au visage carr�, aux l�vres rondes et ang�liques, aux yeux doux et bruns, aux boucles brunes au reflet fauve, un peu clairsem�e,qui sent bon, qui est beau, qui est chaud, dont la peaue si claire est parsem�e de grains de beaut� d� � son exposition constante et imprudente au soleil, une esp�ce de safety kid qui fait pourtant des folies � v�lo, en patins, la nuit, sur les toits ou dans les parcs, qui boit, qui fume du chanvre, qui se drogue � l'�ther, avec responsabilit� pourtant, qui a la voix glissante, qui tutoie tout le monde, qui prend une petite moue toute d�daigneuse quand il est contrari�, qui a des mots durs, qui a des expressions et des paroles si suaves et absolument sinc�res, qui ne se met pas en col�re, qui ne tient pas rigueur, qui est accomodant mais ferme, qui a des positions fortes, qui tend � avoir une philosophie compl�tement gauchiste-socialiste-environementale-amour-universel, qui est une esp�ce de hippie du coeur, punker d'apparence, sans l'�tre vraiment, qui n'appartient � rien ni � personne, qui est sexuellement polygamme et mutualiste, qui �tudie en microbiologie dans une universit� anglophone hupp�e un peu par ironie, qui d�gage de la lumi�re, qui est bref au t�l�phone, en e-mail, qui cuisine bien, qui offre tout et ne demande rien sauf d'enlever ses chaussures dans son appartement, qui s'�tend dans des positions bizarro�des comme une f�lin dans sa supr�me relaxation, qui prend son temps, qui a sa candeur, qui a d�chir� tout ses pantalons � la fourche et que je ne comprends ni ne connais pas, et dont pourtant je suis compl�tement, totalement, �perdument, irr�m�diablement amoureuse.

C'est merveilleux et horrible � la fois, L � l'amour platonnique et rationnel qui est prise et enflamm�e tout d'un coup par un petit ange au sourire d�sarmant, sans savoir d'o� lui vient cette subite passion, caus�e non pas par manque de pr�tendants ou d'occupations, qui semble possible, comme me le t�moigne tous ces subtiles et touchants �gards...

Et je ne parle plus que de �a et je comprends votre �coeurement.

Je raconterai quelque chose d'autre la prochaine fois.

-L