Une folle s'empare lentement d'une nouvelle lubie. Une obsessive rev�t lentement, comme une combinaison-collant en PVC brillant, sa nouvelle id�e fixe. Elle y passe d'abord � peine le bout des orteils: peut-�tre ne la mettra-t-elle m�me pas, cette combinaison. Mais la sensation commence � �tre agr�able, collante, inn�chapable, envahissante: elle touche jusqu'au moindre replis. Id�e ou catsuit, la voil� qui bient�t rev�tira le corps au complet. Mais il ne faut pas. Il est bien trop t�t pour mettre parreil attirail. On est quatre heures de l'apr�s-midi, l'orgie commence � 9 heures. 5 heures encore... Ou 5 ans? Les id�es s'enfilent moins vite. Elles sont plus complexes. Comportent plus de facettes miroitantes ou opaques, plus de dimensions �troites ou larges. Il y a tellement de chose � consid�rer. L'id�e fera-t-elle du chemin?

Et il s'agit de la pire id�e, l'id�e amoureuse.

Et l'obsessive se gratte la t�te. Elle se sait ainsi. Elle se sait poss�der par le d�mon depuis toujours. Le d�mon qui d'un coup de griffe la met dans le fond de l'abysse ou sur la cr�te des tsunami de l'oc�an de son humeur. Le d�mon qui lui rive les yeux sur une seule id�e, une seule chose; une seule personne...

Mais il est si pernicieux, il agira s�rement lentement. Elle le sait. Maus il ne voudrait pas qu'il aie trop vite. Elle le sait. Elle sait que la vitesse tue. Elle ne veut pas s'�craser contre un mur � cause d'avoir pris un trop grand �lan. Elle ne veut pas cr�er une temp�te qui la laissera �chou�e et d�racin�e comme du bois d'�pave sur une plage lointaine, innaccessible. Elle n'est pas folle.

Mal mal mal aux cuisses. Et � l'abdomen. C'est la premi�re moiti� de la premi�re journ�e des vraies r�gles. Les d�p�ts auparavant n'�taient qu'une introduction.

J'ai beaucoup dessin� aujourd'hui. � vrai dire c'est pratiquement tout ce que j'ai fait de la journ�e. J'ai continuer la mosa�que � l'encre que j'avais commenc�, puis esquiss� quelque chose de simplement magnifique dans le style de Mucha; je l'ai appel� "r�veil de la vision". R�veil des r�veurs et des utopiques, remise en marche de l'oracle, changements � l'horizon... J'ai color� le pourtour de ma muchaesque dame de pastel � l'huile. C'est ultra joli et tr�s art nouveau. La pose est particuli�rement bien r�ussie. Bref je suis contente de moi-m�me. �a m'arrive.

Mmmh je me suis sentie un peu solitaire aujourd'hui. J'ai pas parl� � grand mone. Y a appel� mais comme j'�tais aux toilettes je lui ai demand� de rappeler dans 5 minutes, ce qui ne s'est jamais fait.

T est aux �les-de-la-Madeleine. Il avait appel� avant-hier, sans doutes pour dire aurevoir et je ne l'ai rappell� qu'aujourd'hui, pour apprendre qu'il �tait parti il y avait � peine quelques heures. Et il a laiss� comme message � mon p�re que c'�tait "Juste T". �a en dit beaucoup. Comme dit ma m�re. Mais elle ne l'entend s�rement pas de la m�me fa�on que moi.

Je crois qu'il a senti mon indiff�rence. Je crois qu'il a sentit que j'�tais totalement d�croch�e. Je crois qu'il a vu mes yeux quand je regardais R. Je crois qu'il commence � r�aliser. Ma douleur pass�e, ma rancune de nagu�re et mon insensibilit� pr�sente. Je sens qu'il sent qu.il n'est plus tout puissant avec moi, et cela diminue sa hauteur avec moi.

Quand je pense que dans � peine 20 jours tout cet univers ne sera plus... Je ne me sens ni triste, ni anxieuse, ni joyeuse, puisque je n'y r�fl�chis pas vraiment. Je n'aime juste pas le fait que je vais �tre dans un endroit que je ne connais pas, dans une grande b�tisse compliqu�e bourr�e de classes. Argh. Et de gens. Et il va falloir me cr�er une niche l� dedans... J'�vite d'y penser, � vrai dire, �a ne sert � rien d'anticiper des choses auxquelles je ne peux rien changer d'ici.

Enfin... �a vous en fait assez pour aujourd'hui.

-L