Manifestation hier, � Montr�al. 150 000 personnes. Il faisait -20. Crois que me suis fait flirter par deux charmants hippies. �a se peut. Qu'est-ce que �a fait. Rencontr� T par hasard dans les rues. All�e chez L-A apr�s. Encore une fois, le fait que T a irr�m�diablement chang� me frappe de plein fouet et me fait rendre compte combien j'ai tendance � toujours retourner � mes vieux sentiments malgr� le nombre infinid�cimal de r�primandes et de br�lures que j'en ai retir�. Et comme l'ombre de ce salopard p�se toujours sur ma sensibilit�e, la moindre de ses m�chantes remarques me met le fiel � la bouche pour au moins deux semaines.

Je ne me sens donc pas bien. Je me sens vide. Il n'y a m�me plus un grain d'intensit� dans toute cette t�te d�serte, en rupture de stock. Je n'ai envie de rien. Tout m'�coeure. Rien ne me sollicite. J'ai envie de devenir un l�gume, une chose vivant d'inutilit�, branch�e sur une machine.

Je me sens faible et d�faitiste, quand je vois les autres dans leurs torpitudes et leurs souffrance, par lesquelles j'ai pass�, et pour lesquels je ne peux m�me plus m'arr�ter, dans un �lan altruiste, pour les sauver. Je suis trop fatigu�e. Je me rend compte de ma petitesse. Je ne peux rien pour vous aider.

Tout ce qui me reste, c'est l'inconnu. J'ai us� � la corde toutes les passions, tous les plaisirs. Je vais, � l'instant, apr�s l'�coute de cet air si amer, m�lancolique et r�sign�, "Say it ain't so" de Weezer, me mettre en marche vers nulle part. Je sortirai de la ville. Je ferai du pouce vers nulle part. Je ne retournerai plus chez moi....

Et vous savez aussi bien que moi que je ne le ferai pas.

Cette mis�rable r�solution vient de tomber, avec toutes les autres.

-L