Bon mon entr�e vient d'�tre erradiqu�e. J'adore quand �a arrive. Heureusement je n'�tais pas rendue tr�s loin. Je vais recommencer, simplement. Et je sais qu'il est inutile de s'�tendre l�-dessus, mais je n'ai pas d'excuse � proposer � cet �gard. Donc tr�ves de disgressions et reprennons.

Je vais mieux ajourd'hui qu'hier. Je me sens insensibilis�e � la douleur. Mes pens�es ne vont pas plus loin que l'imm�diait. Ce confortable �tat de neutralit� est agr�ment� par une reconnaissante tendresse � l'endroit de M-A, qui m'a procur� hier l'affection dont j'avais besoin, malgr� le fait que je le d�rangeais. J'ai de la chance d'�tre tomb�e sur ce type. Il me donne gratuitement cette attention qui me manque si cruellement. Au contraire de T. Pour qui l'envie est forte de le traiter de salaud. Mais je me retiens.

Quant � hier... J'ai tellement pleur� que mes paupi�res �taient rouges et mes cernes violets. Oui, c'�tait magnifiquement joli. Je ne comprends d'ailleur pas cette tristesse qui s'est abattue sur moi. Cela a commenc� alors que j'�tais avec mes parents au Fairview. Je me suis sentie traiter et manipuler comme un objet � la guise de ma m�re. Cela m'a enrag� mais ensuite, quand je suis rest�e seule dans la voiture, je me suis mise � sanglotter comme une madeleine. L'incident �tait bien insuffisant pour provoquer ce torrentiel �panhement de larmes. Peut-�tre que, par associations, cela m'a rappel� mon manque d'autonomie et la rangaine "je-suis-une-tarre-sans-avenir-et-irrem�diablement-retard�e" et hop, une ressurgessence de d�pression.

Cela m'a un peu remis d'applomb d'aller contempler le lac parcontre, une lac qui est en fait une jonction de rivi�re sans l'�tre � la limite de-- tout �a est tr�s m�langenant pour moi. Les furieuses bourrasques semblaient me fustiger dans ma prostration, alors que j'�tais ramass�e sur le ban du d�barcad�rent, � contempler l'�tendue glac�e. Tout �tait en teintes de gris nuanc�es, le vert-bleu d�ssatur� de la glace, la neige discr�te le parsemant et s'envolant en fine poudrerie, le gris ros� ou mauv�tre de la lourde couche de nuage, la lumi�re tamis�e du jour... Je me souviens m'�tre compar�e au lac de cette fa�on: que sous des dehors tristes et immobiles, sous ma couche froide, fig�e et sans vie, s'agitaient des courrants turbulents et des remous tourment�s. Dramatique, je sais...

Mais cela tarri sommairement mes larmes. Je suis ensuite rentr�e chez moi et repartie chez M-A, qui m'a tout de suite prise dans ses bras. Comme d'habitude, il �tait chaud et sentait bon, de ce parfum un peu commercial mais si �vocateur pour moi. Et j'�tais assez silencieuse durant toute la visite. Je peux �tre une personne tr�s ennuyeuse, � mes heures. Ces temps-ci, ces heures sont assez subs�quentes les unes aux autres. C'est-�-dire que ma platitude est perp�tuelle. Bah �a cessera bien un jour... Peut-�tre. Je vais demander de la drogue l�gale. Pourquoi je ne tricherais pas au jeu des perceptions qui est d�j� truqu� dans ma t�te...

Sinon, je laisse � peu pr�s tout aller � la d�rive. Je n'ai plus beaucoup d'�nergie � accorder � quoi que ce soit.

J'ai finit de lire Michel Strogoff de Jules Vernes. Ce fut plut�t amusant. Le grand romantisme du 19i�me si�cle � toute pompe: Mais Michel ne se trompait pas dans ses conjonctions: les tartarres �taient effectivements � ses trousses! Comment notre h�ro r�agissait-il � cela? En homme sto�que, le courrier du Czar ne se laissait pas abattre pour si peu.. etc... Le tout accompagn� de gravures grand-style un peu na�ves. Comme je disais, plut�t amusant.

Sinon, quoi de neuf. Je crois avoir tout dit. Je vous quitte.

-L