J'ai une ritournelle dans la t�te: "Ah si mon moine voulait danser, ah si mon moine voulait danser, un capuchon je lui donner"ai", un capuchon je lui donner"ai". Danse, mon moine danse, tu n'entends pas la danse!"

M�me dans les plus noirs tr�fonds de ma crise d'adolescence, je ne me suis pas sentie aussi perdue qu'au moment m�me. Dans ce temps-l�, au moins, j'avais des ambitions perdurantes et une confiance solide en mes habilet�s.

En cet instant, je n'ai plus aucune envie de quoi que ce soit pour l'avenir, je ne crois plus en la valeur de mes "talents" et je me sens parfaitement bien, et ce en toute absence de drogue. Mon cynisme va jusqu'� r�aliser parfaitenent que l'�tre que j'accable en ce moment de ma sentimentalit� ridicule (sans qu'il s'en rende trop compte) n'est que la victime d'une id�alisation de mes espoirs d�sillusionn�s, et qu'il ne m�rite probablement l'honneur que je lui fais. Heureusement, la froide version de cette histoire d'amour toute induite par mon d�sir de compagnonnage m'appara�t petit � petit, et je me d�tacherai bien vite de cette adulation malsaine.

Je dis ici trop de mots, de ces mots quotidiens r�p�t�s inlassablement, qui perdent toute leurs signification, leur sens et leur force. Ma pens�e se perd � errer sous forme m�canique de 0 et de 1, plut�t qu'� cr�er avec pers�v�rance quelque chose de signifiant.

Je ne dirais pas que mon existence est sans int�r�t, je prend maintenant plaisir et appaisement dans les plus petites choses, mais elle manque certainement d'accomplissement.

La volont�, toujours.

Voyez-vous, je perd mon �t� � faire des consid�rations superficielles sur les �trangers qui affluent � moi, avec qui je dois traiter sans cesse, � accomplir la dure besogne d'un travail qui ne m�ne nulle part. Mes journ�es de cong�es et mes moments de repos se passent � enfiler des mailles, � lire par distraction, � bricoler sans conviction.

Je vis en sauvage, je ne retourne pas les appels, je reste chez moi.

J'�coute des dessins anim�s jusqu'� tard dans la nuit et je dors au moins jusqu'au midi.

Je ne vais certainnement pas mal, mais je ne vais pas bien, comme je le dis depuis plusieurs semaines, il manque quelque chose.

Peut-�tre que je n'entend pas la danse? Peut-�tre que je ne veux simplement pas danser, malgr� l'envie du capuchon? Peut-�tre qu'il n'y a pas du tout de danse et que c'est la raison pour laquelle je ne peux danser?

Ah si seulement je voulais danser...

-L