C'est un r�ve. C'est un r�ve, tout �a. C'est un r�ve, de dormir � la belle �toile au beau milieu de la for�t du Mont Royal, � se faire embrasser par un gamin qui a le tour, � courir dans les averses de mai avec des amis compl�tement fous, compl�tement libres. C'est L la Boh�mienne, toute v�tue de blanc et de la paix de son �me, qui balance leurs derni�res chances � ces visages d'une si grande importance auto-proclam�e. C'est moi qui reprend en main le volant de ma destin�, le gouvernail de ma direction: j'ai compris la fausset� de ces apprentissages d'enfants...

Toutes les suppos�es hostilit�s d'autrui, tout le malaise social, toute la douleure sexuelle, tout vient de la d�possession que je me faisais de ma propre volont�e. Se refuser la volont�e � soi-m�me! J'ai une fi�vre d'avoir �t� pelotonn�e sous la ros�e contre le plus adorable gar�onnet que j'aie rencontr� depuis longtemps. Quelqu'un qui.... qui m'admire? Qui ne cherche pas � me contr�ler, sans doutes. Qui me respecte et me prend � la fois. Et je ne suis pas m�me amoureuse. Je suis heureuse. Ma vie commence. La derni�re limbe est d�chir�e, la derni�re membrane d�truite. L est libre. Libre des autres et d'elle-m�me. Libre de sa m�re, de son fr�re, des gar�ons, de ses amis (qu'elle aime), des autorit�s. Libre de son angoisse, de sa maladresse sociale, de son sentiment d'inad�quation, de son ing�nuit� � croire que les gens sont aussi stricts et sinc�res dans leurs descriptions d'eux-m�me qu'elle-m�me. Je vais bien. Je vais faire attention de ne pas laisser ce sentiment de fra�che libert�, ce grand vent frais m'ennivrer, me rendre aigrie, violente, agressive sans raisons. Je gagne plus � �tre sarcastique et pr�cise, comme avant.

Je suis �pur�e de la drogue, de l'alcool, de la vanit�. Je ne crois plus � ces �loges apocryphe, je ne ressens pas le besoin de me parer de faux diamants pour obtenir l'effet de soucoupe oculaire chez autrui.

Je lance mon gant � leurs visages tel un soufflet, je leurs fait le transfert de leur propre fatuit�. Je suis digne dans mon abaissement.

C'est tr�s nouveau.

Je les cueille comme des fleurs.

Ils me touchent comme de la soie.

Pas de bile, Bill.

-L