La vie effren�e continue. Hier matin � 2h33, mon amie Ro, toute �perdue, cogne � ma porte pour me demander asile. Elle a enfin amass� assez de rancoeur et d'amertume pour se s�parer de son cr�tin de copain. Je crois que cette fois-ci, c'est la bonne. Elle dort � c�t� de moi en ce moment, le son du clavier devrais la r�veiller tr�s en douceur.

J'ai d�finitivement le b�guin pour mon nouvel ami de 16 ans, J-N. M�me si j'entends et re�ois de toutes parts amicales des avertissements et des froncements de sourcils, me disant que le gar�on n'est point fiable ou digne de confiance, je me permet d'ignorer ces conseils, puisqu'ils viennent d'amies qui, sauf tout le respect que j'ai pour elles, se font autant, sinon bien plus avoir que moi.

C'est que voyez-vous, mon petit cadet � une fa�on toute particuli�re de m'approcher. Il va lentement. Doucement. Sans brusquerie. En crescendo. Quand je suis encore dans la pleine possession de mes moyens. Il me donne de l'affection gratuite, sans cons�quences et sans exigences, et c'est exactement ce dont j'ai besoin ces temps-ci. Par exemple hier soir, nous �tions tous assis en groupe sur la montagne, un peu coll�s � qui mieux-mieux pour se r�chauffer. Alors il commence par se coucher avec sa t�te vagument appuy�e sur moi. Il se rel�ve. Se recouche. Chaque petit repositionements de ma part ou de la sienne nous rendait plus pr�s l'un de l'autre. Puis sa t�te est carr�ment couch�e sur ma hanche. Puis je sens sa main qui caresse doucement ma cuisse. Puis je lui flatte les cheveux et passe mon bras autour de ses �paules. Puis ma main tombe dans le creux de son cou, cach�e par les sacs. Sa main prend la mienne. Nos doigts se pressent. Se caressent. Puis il commence � me donner quelques tr�s tr�s l�gers baisers sur le pouce et le plat de la main. Et comme baiser d'adieu, il a eu l'intelligence d'aller juste un peu trop pr�s de la bouche et d'�tre juste un peu trop sensuel pour un simple b�cot.

Et c'est ce que �a me prend. De me faire prendre rudement par la taille, ou de me faire solliciter quand je dors, �a ne m'allume pas. Je suis une fille de subtilit�s... Ce qui me donne des frissons, c'est les toutes petites choses, fluettes, imperceptibles, qui semblent arriv�es presque par hasard. Ensuite, �a augmente. Il faut me mettre en confiance. Me montrer son innocuit�. M'assurer sur sa loyaut� et sa capacit� � faire des compromis pour moi. Sinon je fige. Je paralyse. Dans mon d�sir de plaire, je vais mettre tous mes d�sirs et mes volont�s de c�t� juste pour ne pas me faire dire non. Je deviens une poup�e. Une poup�e immobile qui n'initie rien.

Enfin, je ne fais pas que me faire courtiser dans la rue. Il m'arrive des tas de choses. Et cette abondance d'activit� me gu�rit de ma m�lancolie, de mes amours � une voie, et me fait rire de ces �go�stes pour qui je me lamentais. Je n'ai rien � craindre pour mon attractivit�, j'ai de nombreux t�moignages qu'elle est en parfait mode de fonctionnement. Je rencontre des tas de gens, � fl�ner avec mes petites boh�mes. K aux cheveux bleus se remet de sa rupture et reste la grande gagnante de cette sordide aventure. Le copain l'avait d�laiss�e aussit�t qu'il avait commenc� � en courtiser une autre. Finalement les deux demoiselles se sont serr�es les coudes et ont repouss� ce corniauds sans consid�rations. Elles sont maintenant grandes amies et A s'en mord les pouces...

Je risque de passer un bel �t�.

-L