Bon, la crisette d'hier soir est pass�e. Ce qui ne signifie pas que j'ai plus l'envie de faire quelque chose de ma vier. Non, je n'ai pas envie d'avoir la destin�e pr�programm�e et ennuyeuse de ces bons bougres qui font de l'argent pour pouvoir avoir une maison-une auto- des babioles... C'est tellement m�diocre. Je n'ai pas envie qu'on choisisse pour moi et je ne veux pas me plier � une routine qui va tuer tout ce qui a commenc� � �merger en moi. Je ne veux pas d'une existence salari�e qui va couper toute mon inspiration, mon envie de faire quelque chose de plus, de mieux. Je ne sais plus si j'ai envie de faire un bon trajet respectable d'�tudes conventionnelle pour acqu�rir les comp�tences requises demand�e pour remplir les crit�res de tel ou tel emploi. Je trouve que tout �a manque absolument de sens.

Ce qui a un sens, c'est de vivre sans s'attendre � quelque chose, en savourant infiniment chaque particularit� que l'instant pr�sent nous apporte. C'est de ne plus s'angoisser sur des chim�res aussi futiles que l'�re-gent, la c�re-i�re, le su-ksais... �a ne rime � rien, dans mon monde. Tant pis si je meurs demain ou dans 70 ans, tant pis si je suis pauvre, �a ne m'int�resse pas, de traviller avec des perdants dans une ville de m�diocrit� pour le but fort ridicule de "r�me-asser des p�pettes". Et l�, mon dictateur de m�re qui VOUDRAIT que parce que j'ai atteint le magique et compl�tement insignifiant chiffre de 18 ann�es d'�ge, j'aie une JOB � PINCOURT, des PROJETS, pleins de CHUMS et qui, depuis que j'ai atteint ce chiffre magique, me traite soudainnement en adulte alors qu'elle aurait d� s'en rendre compte il y a au moins trois ans. La seule chose que �a change, c'est la forme de son dictatorat.

...Je ne peux pas m'enfermer � Pincourt cet �t�. Je vais mourir. Mourir! Je ne peux pas rester dans cette ville atroce et vide, � faire des estis de criss de piasses, � vivre sous l'autorit� absolue et incontestable de la M�re-�tre, � me morfondre du plus profond ennui. Mon �me est � Montr�al, o� la libert�e, toute la libert�e qu'il me faut, consiste � d�cider � quelle heure on rentre, ce qu'on mange, ce qu'on fait, o� on va et � pied, d�cider des choses deux minutes � l'avance, � changer de syle comme on change de v�tements, � refaire toute sa vie en trois secondes, � se sentir chez soi, au chaud, entour� de gens qui nous ressemblent parce qu'ils sont aussi disparates et rebelles � la m�diocrit� que nous.

Comment je vais faire pour recommencer � vivre entour� de gens aux aspirations d�biles, � la pens�e recroquevill�es et rachitique, aux id�es imb�ciles qui ne sont jamais venus d'eux, � la culture se limitant � Star Acad�mie, au petit m�pris vain de gens ignorants? Comment je vais pouvoir vouloir travailler quand rien, en moi, n'en sent le besoin? Comment je vais supporter cette ville carr�ment, absolument, irr�m�diablement AFFREUSE avec sa maudite asphalte, ses maudits char, sa maudite banalit�, sa maudite inconscience de banlieue rat�e? Qu'est-ce que je vais faire toute seule dans le fin fond du bois, � �tre OBLIG�E de demander un lift � chaque fois que je veux me sentir vivre et que je veux voir ceux que j'aime?!? Je vais m'enfermer dans ma ridicule chambre que j'ai trop vu, en attendant le retour de l'existence en septembre prochain, � endurer les ordres de la voix criarde de ma m�re qui m'exhorte � sortirdehorsfairdelexercicefaittonm�nage
vatravaillersorsdehorsfaitcquejtedis
aielaviequejaiprogramm�epourtoiparce
quejesuisincapabledeconcevoirautrechosequemespropresvaleurs??

Est-ce qu'on ne peut pas simplement vivre, choisir de g�cher son existence en toute bonne conscience parce qu'on est trop d�go�t� de ce qu'il y a � en faire, � l'endroit que l'on aime, o� on aime, sans que les autres veulent nous coller, nous �temper leurs petites et st�riles attentes qu'ils ont de nous sur la peau?

�a me tue.

Je ne pourrai jamais perdre, gaspiller mon �t� dans cet endroit maudit, affreux, d�gueu, pleins de gens sordides que je ne veux plus jamais voir avec leurs grosses existences de colons, de morons, de rien-du-tout ignorants qui se contentent de ne rien savoir, de ne rien voir et de ne rien exp�rimenter. Je les hait et je n'ai plus envie de contenir ma haine.

Le bonheur, pour moi, c'est d'�tre seule, et libre. Malheureusement je suis trop �trang�re � la grande majorit� pour que je continue � essayer de leur plaire et d'essayer de faire en sorte qu'ils m'aiment. J'ai pas besoin de �a. Qu'ils me laissent vivre comme je l'entend et j'irai jusqu'� essayer de les aider dans leurs immobilisme parce que malgr� tout ce que j'ai dit, je me sens profomd�ment appartenir et aimer la race humaine pour ce qu'elle est capable de faire � l'occasion. Mais ne me forcez pas � endosser leurs existences... Ce serait compl�tement d�prav�.

-L