Un bar de danseuses, c'est triste. Les clients sont tristes, les portiers sont tristes, les danseuses sont tristes, et les serveuses sont anxieuses de faire consommer les clients.

Moi aussi je suis triste. Un brin de m�lancolie qui m'effleure... Je suis seule, il y a peu de personne sur qui je puisse vraiment compter, et aucune sur qui je puisse enti�rement compter. Je n'ai pas vraiment d'amis solides et p�renniaux comme les saisons. Certes, je ne voudrais pas �tre embourb�e dans une plate situation de gangdusecondaire, ou de lesamisdmonchum, mais j'aimerais conna�tre des gens qui auraient pourmoi l'amiti� ing�nue et d�sint�ress�e que j'ai pour eux, parce que je les appr�cie pour ce qu'ils sont. Mais c'est ou bien qu'ils sont peu regardant, ou bien qu'ils cherchent ma grande oreille attentive et mes paroles consolatrices, ou bien j'enrichie la petite soci�t� qu'ils tra�nent partout, ou bien ils m'ont accept�s � la longue apr�s une longue court d�f�rente de ma part aupr�s de leur farouche introversion. Je ne connais pas vraiment de gens qui aiment �tre avec moi simplement... pour moi.

Ce n'est pas quelque chose qui me blesse, �a fait longtemps que j'y suis habitu�e, je n'ai connu que �a. Mais ce soir, ce soir que je suis seule et m�lancolique dans une maison qui m'est presque devenue hostile � force de tout l'ennui qu'elle repr�sente, je souhaiterais une �paule ou m'accoter sans arri�re-pens�e. Je sens un peu de mon ancienne r�volte qui point malgr� ma r�cente s�r�nit�, acquise apr�s tant d'illusions fracass�es... Une r�volte amusante par sa na�vet�, qui se demande pourquoi, malgr� mon caract�re vif mais innoffensif et ma personnalit� complexe mais enjou�e, est-ce que les gens n'ont pas envie de me conna�tre, de partager leur temps avec moi. Je suppose que je suis dure � vivre, le m�me tr�s ancien et �ternel probl�me du rapport avec les autres, jamais �clairci et qui ne s'�claircira jamais.

Peu importe.

Je dois �tre entrain de mourir... L'avenir m'importe peu, je n'ai plus besoin de cr�er et de m'exprimer, l'amour est mort et je n'ai plus aucun d�sir. De vagues fantaisies qui s'estompent bien vite. Je mange et j'ai perdu ma gourmandise, peu importe la di�te �a n'a aucune importance. Je dors peu, m�me si j'en ai envie... Je ne m'ennuie pas de ceux � qui je tiens. Je reste �tourdie et joyeuse en compagnie, les mots sortent et je ne suis m�me pas l�, ma langue me fait para�tre comme toujours mais mon essence est endormie. Elle s'est r�sign�e, peut-�tre.

�a ne fait pas mal. Comment cela pourrait-il faire mal? Ce n'est pas ce gris humide de brouillard qui me rongeait et me faisait hurler.

C'est blanc. Compl�tement blanc. Sans lumi�re, sans sensation. Blanc. Blanc cass� d'une teinte ind�finissable de non-absolu.

Je serais pr�te � mourir.

J'ai 18 ans... J'ai atteint le mur. Et je ne ressens aucune douleur.

I should have a feeling... That feeling is pain?

-L