J'me sens �tourdie. Il y a une rumeure, un bruit blanc dans mes oreilles et mes ganglions sont gonfl�s � bloc, dans ma gorge et en dessous de ma langue, �a m'emp�te le cou et l'ovale du visage. Mes amydales sont d�go�tantes � voir: deux amas de chair putrides asym�triques, boursoufl�es et parsem�e de blanch�tre. Rien de fort esth�tique. Je fais un petit peu de fi�vre, je suis tr�s blanche et mes paui�re on cette coloration un peu brunie et luisante qu'on donne aux chanteuses nocturnes des cabarates antiques. Ma m�re lisait un peu pardessus mon �paule, elle dit que si je me sens �tourdie, c'est parce que mes trompes d'eustaches seraient bouch�es. Je vais � la clinique demain, la m�me qui a soign�e les coupures que j'avais inflig�es � mon fr�re. Embarassant. Parce que mon p�re leur avait racont� l'incident.

Je crois que je vous avais rqacont� le fiasco du souper d'anniversaire de ma m�re? S�rement. Enfin, j'ai compens� hier soir en offrant � mes deux parents un souper en cinq services enti�rement pr�par� par moi et mon amie Ro. J'ai cuisiner environs 4 heures sans m'arr�ter, le r�sultat �tait correct. Les p�ches melba, les pleurottes dans la soupe et les p�t�s de dinde au carri on �t� particuli�rement appr�ci�s. La discussion, un peu poussive au d�but, se fit rapidement plus gaie et enjou�e. J'�tais contente. Mais malade. Mes ganglions enflent depuis mercredi dernier. Au moins l'atroce mal de dos que j'avais entre les deux omoplates est parti, je pensais � demander un massoth�rapeute d'urgence.

Le vide existenciel que je ressentais depuis un mois est termin�. De lui-m�me. Il a eu son paroxysme mercredi soir ou j'ai presque tent� un suicide, mais je me suis mise � �crire � la place et �a m'a soulag�. Ce qui me confirme que dans le fond, je n'ai jamais perdu ma capacit� � b�tir une intrigue. Pour qu'elles se forment et s'articulent, il faut simplement que je me mette � �crire, et la voil� qui se d�roule et se projette au-del� de chaque phrase que je r�dige. Ce qui est bon. J'ai donc maintenant deux projets qui impliquent une intrigue r�dig�e; je veux �galement apprendre � jouer de l'harmonica, prendre des cours de baladi et monter une excursion en for�t cet �t�.

C'est une amie qui m'a beaucoup aid�e. Une autre copine me racontait tous ses accomplissement juste avant que j'atteigne le fond; la demoiselle a fait du ballet pendant 14 ans, a fait les grands ballets canadiens et le tour des �tats-unis quatre fois, a eu une vie intens�ment mouvement�e dans la vente de drogue et le cambriolage une partie de son adolescente, a �norm�ment de succ�s aupr�s des m�les, dessinent bien, est dans mon programe, blah blah... Comment se sentir valeureuse compar� � �a?

J'en parlais avec une de mes amies en deuxi�me ann�e d'animation et je crois que c'est elle qui m'a vraiment rassur�e: elle m'a dit "ben voyons, L, �a veut rien dire tout �a... �a d�finit pas une personne. Des accomplissements! Les tiens sont moins concrets, c'est tout." Et elle a raison. Le chemin que certaines personnes accomplissent au prix d'intense et laborieuses exp�riences de vie, d'autres peuvent le faire par simple travail mental, simple intelligence. �a doit �tre pour �a que j'ai tellement d'amis ayant d'�normes v�cus; on peut se rejoindre malgr� tout, il doit y avoir une raison. Bien s�r, l'exp�rience est souvent irrempla�able... Mais quand on sait que la m�moire, seule sauvegarde de notre vie pass�e, s'effrite, peut-on dire que c'est l'exp�rience qui compte le plus, o� ce que l'on en a retir�? Et puis, est-ce que c'est une course? Est-ce que je devrais me sentir mal de ne rien avoir accompli de majeur avant mes dix huit ans sauf sur ma propre personne, quand on sait que ma petite banlieue minable et m�diocre n'offrait aucune opportunit� d'�panouissement?

J'ai quand m�me �t� publi�e, en France (d'ailleurs, plus aucune nouvelle de monsieur H depuis des lunes! Il m'en veut peut-�tre de ne jamais avoir compl�t� l'aquarelle que je lui ai promis pour l'�t� dernier) et en page couverture de mon journal �tudiant. J'ai quand m�me ce site, qui a r�colt� environs 16 500 hits en un an et demi. J'ai quand m�me pass� par la d�pression, l'angoisse et les m�dicaments. J'ai quand m�me �t� admise dans une technique hyper contingent�e � mon premier essai, sans jamais avoir suivi de cour d'art au pr�alable ni avoir vraiment eu des parents artistes. J'ai quand m�me une intelligence assez bien d�frich�e, qui commence � bien marcher. Il n'y a pas absolument rien derri�re moi... Pas autant que d'autre, mais qu'importe? Est-ce que ces autres cr�er? Est-ce qu'ils sont inspir�s? M�me les meilleurs que je connaissent ne cr�er pas, ne s'exprime pas, sauf J. Moi, je suis un peu lymphatique, mais comme le dit mon prof d'anatomie de la session pass�e, j'ai un g�nie pour communiquer des id�es, des impressions, des concepts, et je vais s�rement en faire quelque chose dans ma vie.

Ouf... la t�te tourne.

L-P venait d'appeler ici pour demander une traduction m�dicale � ma m�re sans se douter que j'�tais ici. Avouer que c'est adorable. Quelqu'un de tellement absolument naturel, honn�te et libre qu'il ne se g�ne pas pour appeler les parents de ses amis et leurs demander des conseils.

Parlant de lui. Vendredi dernier, on est all� ensemble au show b�n�fice Destituthon, pour destituer notre premier ministre provincial actel; Jean Charest. Ils r�coltent des signatures afin de pouvoir d�clencher des �lections anticip�es, ou quelque chose du genre, comme au Venezuela avec Chavez ou comme pour l'exemple malheureusement plus ridicule de la californie, avec Terminator maintenant au pouvoir. On est revenu � ma chambrine et on s'est presque couch�s tout de suite parce que je commen�ais � �tre plut�t malade. On parlait un peu mais il avait d'autres intentions... ce qui m'accomodaient et me paralysait � la fois. Alors que son contact se faisait plus intime depuis un moment, ce qu'il me faisait �tait assez irritant et comme c'est L-P (...) et que j'osais pas l'aider ou m�me participer, j'ai donc endur� quelques minutes puis je me suis retourn�e assez brusquement en disant "Voyons donc, �a se fait pas � sec comme �a, franchement!". En plus je me sentais mal, parce qu'encore une fois, je ne savais pas ce que voulait ou ce qu'aurait d� vouloir ma volont�e, que je laissais mon d�sir continuel me gouverner en me laissant faire de fa�on passive, parce que je me sentais comme un poup�e, la poup�e jettable, celle qui ne dit jamais non mais ne commence jamais non plus. Il m'a dit tout gentiment que si je voulais pas c'�tait absolument pas grave. Je lui ai dit que c'�tait pas parce que je voulais pas, juste que j'�tais tann�e d'�tre une poup�e... Il m'a dit qu'il ne me consid�rait pas comme sa poup�e (on en avait parl� � priori) ou comme un objet sexuel. Il m'a demand� s'il pouvait se coller et bien s�r j'avais pas d'objection.

Il m'a laiss�e dormir environs 40 minutes jusqu'� ce que je me r�veille � nouveau. Il me faisait dos et comme on ne se touchait plus et que j'ai eu une pouss�e d'affection, un �lan de bravoure, celle qui m'a manqu�e du temps que j'�tais profond�ment amoureuse de lui, je l'ai enlac� par les �paules. Et c'est reparti. C'�tait profond�ment sensuelle. J'�tais encore tres passive, mais un peu moins. Je gardais les yeux ferm�s, parce qu'il m'intimide �norm�ment: je le trouve tellement dou� pour �a et j'ai l'in�luctable certitude que je ne suis pas � la hauteur. De plus, tant de sensualit� m'hypnotise, me paralyse, m'immobilise. Et puis, une chose qui m'ennuie, c'est que L-P n'embrasse pas ses amantes sur la bouche, on dirait, et �a, �a me manque beaucoup. Et comme c'est un genre d'interdit, un tabou, une r�minescence de mes sentiments d'antan ba�llon�s, �a me g�ne encore plus. Enfin. On en est venu � �a. Et pour la premi�re fois de ma vie, c'�tait... bien. Pas douloureux, et, comme disait Maupassant de Jeanne dans "Une vie", mes sens s'�veillaient enfin d'un long sommeil. �a commen�ait. Je ressentait les pr�mices du plaisir qu'on peut avoir � faire �a, cette sensation de bien �tre dans le ventre, ces remous, cette sensibilit� douce et int�ressante, les influences du rythme et de la vitesse... Malheureusement, mon compagnon �tait en cruel manque de sexe depuis longtemps, alors m�me si les pr�liminaires furent longues et satisfaisantes, la conclusion fut bien rapide � mon go�t. Pas grave. C'�tait rassurant. Et comme, dans notre sueur et notre immobilit� finale, se tenant par la main, il me voyait avec un myst�rieux petit sourire et une main sur l'abdomen, il m'a demand� si c'�tait bien en se doutant de la r�ponse...

en tout cas

trop malade

men va au lit

-L