J'ai un mal de t�te. J'ai parcouru en entier, je crois que �a a eu un effet psychotrope ou assomant. Maintenant tout me semble vague, fondu, atone. Je crois que la fatigue des deux derniers (plus que �a en fait) jours me rattrape. J'ai bu du caf� parce que j'avais froid, maintenant au moins je me sens minimalement chaude, bien que main droite, celle qui tient le stylus, soit glac�e, glac�e...

Ah.

C'est que mardi soir dernier, bref il y a 6 jours, se sont ramen�s ici pour une petite cure de repos deux de mes amis, soit Ro et S. Il a fait si froid toute la semaine pass�e qu'on a pas vraiment mis le nez dehors. On a fum�, parl� beaucoup, fait de la couture, S a d�couvert les animaux en peluche et � quel point �a lui avait cruellement manqu�. Il �tait tr�s heureux avec mes animaux bizzare, il aimait surtout le homard et la tortue. Je lui ai donn�, c'�tait Ro qui me l'avait donn� au d�part il y a plusieurs mois. On a dessin�, regard� des films. Jouer aux cartes. Il n'y a pas grand chose � faire � Pincourt, surtout � cette temp�rature l�. Autrement on serait aller patiner, on aurait fait de la raquette, aller marcher sur le lac. �a a �t� tr�s calme et bien.

Ouais, S. Celui que j'ai embrass�, l�. Celui qui m'hypnotise depuis 4 mois avec ses yeux. Celui pour lequel j'aurais d� tomber en amour plus t�t, mais les circonstances en avaient d�cid�es autrement.

Oui au d�but de la session, alors que je venais de le recontrer, Ro m'avait avou� peut-�tre commencer � ressentir quelque chose pour le monsieur. ...Et comme on le sait ou on ne le sait pas, Ro a un chum �pouvantable. Alors j'ai �touff� mes d�buts de sentiments et essay�, un peu mollement je l'avoue, de les pousser l'un vers l'autre. Et puis au milieu de tout �a, l-p est arriv�. Il m'a envo�t�e, il me stimulait, il ressemblait tellement � T dans sa fa�on d'�tre. Je suis tomb�e, comme vous le savez, tr�s absolument en grand amour. Je r�p�tais l'histoire de ma vie. Se prostrer en totale admiration devant un �tre qui ne peut aimer, ou ne peut pas m'aimer moi, du moins. Vouloir �tre l'esclave d'un de ces forts caract�res passion�s, tellement trop s�rs d'eux, des r�veurs qui font la r�volution.

Et j'en ai bav�. J'en ai pleurer. La derni�re fois �a m'a pris deux ans avant de me raviser. Mais j'imagine que j'ai appris depuis, l� �a m'a juste pris 4 mois.

Ouais. Je me suis ravis�e.

L-P c'est une tr�s bonne personne, j'adore discuter et me disputer avec lui, on est capable de partager des choses, mais de l'aimer, c'est juste me faire mal. �a serait peut-�tre grand et beau, mais j'ai pas envie de me battre ou de suer sans espoir au bout du compte. L'amour c'est tellement simple. �a sert � rien d'angoisser pour �a. �a vient ou �a vient pas, lentement ou non. Si on souffre alors que c'est pas m�me commenc�, autant mieux laisser tomber pour le moment. Surtout quand on a une autre alternative... plus appropri�e...

Voil�.

Alors depuis deux jours, moi et S on se regardait et c'�tait troublant. Plus qu'avant. Je d�tournais les yeux parce que j'avais de la mis�re � supporter son regard qui �tait si charg�, si intense... On s'effleurait sans cesse. On �tait devant un film tr�s tard dans la nuit , lui moi et ro assis sur le fauteuil juste assez grand pour tout le monde, avec la couverte parce qu'il faisait froid. Ses doigts ont touch�s au miens, j'ai sursaut� de douce appr�hension...

Et puis le vendredi soir on est all� chez T faire le party...Y'avait bien du monde, c'�tait anim�, bien arros�... Moi et S on s'est retrouv� devant les toilettes, dans le couloir.. Il a dit quelque chose qui ressemblait � "�a fait une couple de fois qu'on se regarde sans parler, hein?" et puis il m'a embrass�. Apr�s on s'est accoter contre un bureau en faisant face aux gens et dos au mur, alors sa main s'est �gar�e sur le bas de mon tronc... � un certain point j'�tais fatigu�e alors je suis all�e me coucher en offrant � tout le monde de me rejoindre si �a les tentait. En blague. Mi-figue, mi-raisin. Je visais bien quelqu'un apr�s tout.

Je commen�ais � m'endormir quand j-m et m, un des gars de pointe-des-cascades rentre dans les chambres et commence � me gosser apr�s les pieds en jouant le r�le de f�tichistes des pieds italiens. J'�tais cramp�e pendant dix minutes... Mais � quinze j'ai commenc� � les frapper avec mon oreiller. Ils sont partis, j'ai recommenc� � m'endormir, ils sont revenus refaire la m�me chose... accompagn� de S cette fois-l�. Ils sont finalement parti. Sauf S qui m'a demand� s'il pouvait rester et dormir avec moi. J'ai dit oui.

�a a pas �t� long qu'il se passe quelque chose. J'ai donc eu droit � une d�claration d'amour d'� peu pr�s trois heures de long. Parce que franchement... se faire toucher par quelqu'un qui t'aime �a fait toute la diff�rence. Mais alors l�, toute la diff�rence. Il m'a dit toute sorte de choses belles, vraie, touchantes sans �tre mi�vres le moins du monde. Des choses comme "je pourrais te caresser toute la nuit..." "j'ai pas envie de me concentrer (pour s'endormir) " "c'�tait peut-�tre hier, sur ton lit, on se regardait et j'ai �t� vraiment troubl�" "t'es belle, L" "je t'aime" "je suis tellement bien avec toi" "je sais pas ce qui va arriver ensuite" avec l'accent pur de la sinc�rit�. Oui �a sonne clich� comme �a, mais j'�tais tellement englu�e dans le moment et la magie que je ne me souviens pas de la formulation exacte... Et puis pour moi c'�tait sp�cial. Et vrai.

Ce qu'il y avait de dr�le c'est que �ventuellement Ro est all�e nous rejoindre... aaah ah ah ah. C'�tait pas trop grave. On est pas all� jusqu'au bout. Je lui ai dit que j'�tais trop fragile et que �a me ferait mal et, beeeen, il a fait autre chose � la place.

C'est tellement une bonne personne. Un �tre doux et gentil, avec une grande profondeur d'�me, un petit penchant pour l'absurdit�, qui peut philosopher, qui n'attaquera jamais, va �tre plein de pr�venances...

On est n� le m�me jour, soit le 13 mars 1986! C'est quand m�me sp�cial.

... Mais je vois pas ce qu'il peut bien me trouver.

-L