Ma derni�re fureur fut f�ministe. Mon alouette belge (ou fran�aise, si �a s trouve), m'en a f�licit�. J'ai oubli� ton nom, ma vieille, mais ton "cas", si j'ose dire, le malaise dans ta personne, continue � tourner en rond dans ma conscience. Je comprend un peu ton malheur, j'y ai touch�, je le trouve d�solant, et je voudrais que comme moi, un jour, il y a de cela quelques ann�es, tu regardes un miroir et tu te dises: "Tiens! Je ne ressemble pas � ce que je crois ressembler!". Mais le malheur personnel est dur � contourner, c'est comme un carroussel pas assez lent pour qu'on s'en fatigue et passe � autre chose, pas assez rapide pour qu'on aie l'imp�rieuse envie de d�barquer. C'est la m�me chose avec moi et ma parano�a...

[...]

De retour apr�s le souper. Je me sens l�g�rement �veill�e par tout cet afflu alimentaire.

Vous savez, j'ai eu une St-Jean-Baptiste assez folle. J'ai pass� plus de 24 heures sans dormir... Pas du tout fait pour mon organisme, �a. J'ai � peine bu de bi�re, fum� peu de pot, mais me suis veng�e sur les bidies et le caf�. Ah, le caf�, quand il est bon et bien fait, c'est vraiment un pur bonheur... Nous avons (c'est-�-dire, Y et T et moi) cri�s � tue t�te en choeur avec nos fr�res et soeurs patriotes, parcouru qu�bec, mang� partout, parl� avec de total �trangers... Un, en particulier, m'�tait tr�s sympathique, et je regrette am�rement de ne pas avoir pris son num�ro... Un jeune homme de 23 ans, petit, blond, si vivant, avec tant d'expression sur son visage ouvert, compl�tement fou, comme moi, parlant et comprennant l'absurdit� imaginative... J'aurais d� rester avec lui au lieu de suivre mon "groupe". J'aurais d� prendre son num�ro de t�l�phonne. Je veux le revoir.... Quelle manque de pr�voyance, quel conformisme. Qu'est-ce qui m'attachait � ce groupe? C'est mon ancienne habitude de toujours suivre de peur de me perdre... Mais je connais Qu�bec comme le fond de ma poche et j'avais un billet de retour vers montr�al de toute fa�on.

J'ai au moins appris ceci de cette folle mais pas si amusante vir�e: il y a des lacunes � combler dans ma libert�. J'ai aussi appris que je n'avais pas � endurer les gens me snobbant ou faisant les fiers avec moi. Justement, �a nous am�ne � T. T. Ah! Ce qu'il peut �tre d�sagr�able et rude, cette b�te. Et avec un complexe de sup�riorit�, en plus. J'ai d�cid�ment perdu toutes mes illusions � son �gard, son aur�ole de perfection est tomb� � l'eau du fleuve... Qu'est-ce qu'il m'irrite, et quelles horibles mani�res il a avec moi! Ah! Cette fatuit�! Ah! Toute cette hauteure, ce d�dain, cet orgueil... J'ai bien envie de ne plus jamais lui parler.

Je crois que toutes les insultes, toutes les bouderies, toutes les salet�es qu'il m'a inflig� et que j'ai subie avec amour, un amour qui a �t� toute ma vie � un moment, qui a d�termin� le srot de mon existence, me sont remont�e au bord des l�vres, et que je n'ai envie que de les lui l�cher dans une temp�te, un ouragan, que dis-je, une �ruption volcanique, non, en une Apocalypse de c0ol�re, de ressentient, de rancune, de lib�ration.

Il utilise les gens comme de vieux mouchoirs, il se croit tout permis avec l'�go�sme dans lequel il est emmur�, il croit tout savoir, tout d�tenir, tout �tre, �tre arriv�. Il veut adh�rer au groupe, et il rejette. Il change d'attitude selon les gens. Grosse pute.

Il ne vaut pas toute la consid�ration que je lui ai apport�, toute la patience que lui ai souffert, tout le d�vouement que lui ai subordonn�, tout l'amour que je lui ais ublim�, tout le respect que je lui ai assujetis, pour quoi, en retour? Du m�pris!

Ah, c'en est fait. Pourquoi m'embarasserais-je de gens de la sorte? Que valent-ils avec leurs sournoise s�lection? Avec leur froideur, leur distance? Que savent-ils de moi, � leur premier et superficiel coup d'oeil, et comment peuvent-ils se composer une assomption sur de si maigres informations? Tas de goujats! Je ne m'en laisserai plus imposer, non mais.

le bal est dans deux jours

voil�

-L