Je me sens tr�s irrit�e. Face � tout. � moi. Aux gens. J'ai envie de tous les engueuler. De partir en voyage perp�tuel, et de changer de place continuellement pour ne pas avoir � m'enraciner dans un lieu ennuyant avec des gens imb�ciles.

Qu'arrive-t-il?

C'est que je suis d�go�t�e de moi, des gens, et de la vie. Cela me met en col�re.

Expliquons nous.

Jeudi soir, je fais � peu pr�s trois heures de transport en commun pour me rendre � l'appartement de R. Pour passer la soir�e l�, et la journ�e du lendemain. Avec quelques unes de ses copines. Qui parlaient de gens et de situations arriv�es que je ne connaissais pas. Elles �taient tellement toutes plus brillantes, plus originales, plus vivantes et plus cultiv�es que moi. Je me sentais si grise, si fade, si d�nu�e de particularit�s. Elles rayonnaient d'aisance et de confiance en soit. Cela se sentait que chacune avait son individualit� propre. Et l'une d'elle, M, avait quelque chose d'absoleuemnt fabuleux dans sa personnalit�. Une attitude tout � fait sobre, mais pourtant si distingu�e, si classe. Une prestance magnifique sans aucune pr�tention. Un naturel foudroyant. Une distinction admirable.

Suppos�ment, d'ailleurs, qu'elle aurait dit � R qu'elle me trouvait "super correcte". Super correcte. Mais quelle joie, mes amis, d'�tre qualifi�e de la sorte. Correcte. *Soupir* dire que je ne voulais pas sombrer dans le gouffre de la banalit�...�

Alors dans ces circonstances, malgr� ma tentative de m'ins�rer dans la conversation, un moment donn� je me suis tann�e et je me suis endormie sur la table. Je me suis � peine r�veill�e pour leur dire aurevoir quand elles sont toutes parties. Quelle vengeance.

La journ�e d'apr�s, j'ai endurer les bl�mes incessants contre ma meilleure amie de son grognon d'amoureux, en me sentant ultimement �nerv�e par le personnage. Je n'ai pas manqu� de lui lanc� quelques sarcasmes et paroles am�res. Comme je restais courtoise, il ne pouvait entamer les hostilit�s. Quel raffinement dans ma l�chet�, tout de m�me...

Ma pauvre R me faisait de la peine tant elle �tait soumise et silencieuse face � ce grand b�ta.

Et j'ai �t� d'une humeure plut�t massacrante envers elle et tout le monde. Mais �videmment, je restais discr�te. Enfin.

Et tout cela a exarcerb� mon irritation.

Je vois l'impossibilit� de m'amuser, la superficialit� de toute chose, l'impuissance face � ce qui nous d�range, ma faiblesse de volont�, ma fadeur, le vague mensonge contradictoire et collectif de tous ces gens qui jouent au jeu social, qui adoptent les id�es de l'air du temps sans se poser de question, malgr� les �vidents paradoxes entre tous ces id�aux de l'opinion publique. Je vois mon impossiblit� � approcher les gens, � les intriguer sur mon compte, � les int�resser, m�me. Je suis jalouse d'�tre si incapable d'attirer l'attention, et de me sentir si d�plac�e en m�me temps, au milieux de tous ces gens. Je suis lasse de l'indiff�rence avec laquelle me traite mes amis, je me sens d�sol�e de compter pour si peu � leurs yeux. La vie me semble vraiment sans int�r�ts, sans cette possiblit� d'intensit� apr�s laquelle courrait cette �go�ste et �perdue Madame Bovary (je m'identifie un peu � elle).

Et je suis aussi d�go�t�e par ma consommation effren�e, par mon ambivalence, par ma r�pugnance � travailler, par mes r�sultats non maximal, par mon improductivit�, par ma m�diocrit�e lorsque comparer � tous, TOUS ceux qui m'entourent.

Et j'en veux terriblement � T de m'avoir vol� deux ans, en me traitant avec autant de n�gligence volontaire, en refusant jusqu'� ma sinc�re amiti� et en me r�l�guant au rang d'inutile connaissance.

Et je suis tout � fait d�courag�e devant les d�fis idiots de ce monde, dont la r�compense me semble peu attrayante et que je ne me sens m�me pas capable de surmonter.

J'ai le go�t de mourir. S�rieusement. Je me sens si d�plac�e dans ce monde, tellement sans avenir, tellement sans espoirs. J'ai le go�t de dispara�tre. 'ai le go�t de vivre en recluse dans le bois.

Voyez dans quelle honteuse position je suis, d'�tre incapable de me tenir debout sans l'approbation des autres, sans leurs reconnaissance pour au moins ce que je suis!

Ah, c'est dit...

Je suis une "avoidant".

Je vais m'�tendre sur mon lit et je ne bougerai plus jamais.

-L