Nous baignons dans un nimbe de sueur. Un petit vent mou souffle, comme un demi-soulagement, cruel de fausses promesses. Le soleil d�fonce le ciel qui en orgasme. L'humidit� donne une deuxi�me couleur � tout chose, blanch�tre et inexorable. Mon bikini ne s�che pas, pendu au garde-folle du balcon.
Montr�al souffre. Les odeurs de poubelles cuites se dilatent dans l'air lourd et moite; malgr� l'habitude, �a me donne toujours la naus�e. Cela doit �tre la vari�t�: couche d�fra�chie, urine avin�e, goulash fig� dans la graisse achevant de se putr�fier au soleil.
Ce concert d'odeurs r�vulsantes ach�ve de me retourner l'estomac � l'envers, d�j� tout entortill� par la chaleur d�mentielle.
J'ambitionne sur la piscine Kent, gratuite la semaine, mais qui sera s�rement bond�e de flots (et pas les liquides). Si j'attend vers 16h00, ils seront tous rentr�s pour souper � 17h00; c'est C�te-des-Neiges, ici, pas Outremont. Remarquez, cette jumelle de V�zinet et d'Oakwood (� ce qu'il para�t) n'est qu'� trois rue d'ici, � l'est. Trois rues au nord, c'est Ville Mont-Royal. Y'a de quoi �tre confuse.

Alors je continue de mijoter dans mon jus. Je suis convaincue que ce grand Bain-Marie ambiant nous rendra tous tendres et cuits.
Certains n'ont m�me pas besoin de la chaleur pour l'�tre d�j� (soupir).

Il y a de la condensation sous la vitre de ma montre depuis trois jours. Je dors � poil (et dans mon cas l'expression n'est pas en vain), sans drap, compl�tement tremp�e et je me sens fort peu confortable.

Les madames ont les ongles d'orteils peints, les mesdemoiselles sont bronz�e � l'a�rosol et sous leurs cheveux liss�s au fer et leurs grosses lunettes fum�es fashion, ont l'air plus b�te que jamais, les monsieurs tentent d'avoir l'air digne malgr� leurs chaussettes dans leurs sandales, et les jeunes vauriens ont l'air encore un peu plus ridicules dans ces v�tements exag�r�ment amples et co�teux: les cha�nes en or doivent peser lourds en maudit. Les punks puent, mais �a ne les d�range pas car tout le monde pue; parcontre je ne sais pas si le NOX tient par cette moiteur.

Tous ont un air un peu h�b�t�, voir abruti, au sein de cette monstrueuse �tuve. Bo�tes de ventilateurs, ventes de garages, verres plastiques de caf�s glac�s et enveloppes mr Freeze se disputent l'encombrement des rues.

�a reste joyeux. Il y a des concerts.

C'est l'�t�, � Montr�al, avec moi dedans.

-L