Assise dans la 211, regardant l'extr�mit� sud de montr�al d�filer devant mes yeux un peu absents, je pensais. J'ai pens� � toutes sortes de choses, certaines futiles, d'autres non, et j'ai mis le doigt sur ce qui me rend si inconfortable ces derniers temps.
Je vis une vie sans espoirs. R�cement, l'illusion la plus critique a �t� mise � mort, extermin�e avec toute la rigueure et la mauvaise foi de l'ex�cutant, depuis ce temps l� je vis avec le nez au ras du sol, dans un �tat stationnaire, un grand silence qui r�sonne en dedans.
Je n'esp�re plus rien. Tout me semble vain. L'envie me semble une �nigme, je ne crois en rien, je ne peux rien formuler. Je n'ai plus assez de convictions pour souffir, et la signifiance des choses m'�chappent, et donc leurs valeurs. J'ai d�moli syst�matiquement toutes mes croyances, mes illusions, mes r�ves, � coup de rationnalit� et de cynsime.
Le m�nage est fait, mais je ne l'ai pas repeupl� de sens.
Mais on ne peut pas simplement s'inventer les sens, ou les prendre tous faits chez nos auteurs pr�f�r�s.
�a prend de l'espoir. Une envie du future. Une attente d'un progr�s. Une corde dans le noir, sur laquelle on tire.
Parce que sinon on se ramasse � dormir des 13 heures par jours, � vivre pour oublier et oublier de vivre, et � �crire d'interminables note to self existencialisancielleuses sur un blog d�bile.
Parlons d'autre choses.
Du besoin de pisser sur la t�te d'autrui, afin de se sentir mieux.
Du racisme � �change non exclusif.
Du mat�rialisme rampant comme nouvelle d�finition des �tres.
De la validation qu'on trouve dans l'�litisme herm�tique.
Du doute face � notre capacit� v�ritable � admettre une r�alit� non cat�goris�e.
D'un respositionnement de l'individu face aux d�cisions d'un �tat dont il fait partie mais qui ne le prend pas en compte.
De la d�-signification de certains mots comme pouvoir d�bilisant.
Du nouveau parnasse: comment l'esth�tique non-formaliste a d�tr�n� les tentatives de contenu.
Du danger qu'il y a � se conformer � quoi que ce soit.
Du besoin d'une autorit�e reconnue afin de se former une opinion, pour certainnes personnes.
Des origines des valeurs qu'on attribuent aux choses.
Autant de sujets int�ressants, mais o� est la certitude en moi pour �crire quoi que ce soit sur le sujet? Je ne me sentirais pas la cr�dibilit� n�cessair epour discourir, mes doigts se paralysent � l'id�e de tenter cette pouss�e vers l'avant, hors de mon univers beige-gris-brun-morne, d'oser bifurquer dans un sens ou l'autre, de r�fl�chir sur quelque chose qui implique une croyance ou un espoir dans le fondement. Voyez-vous, dans mon besoin d'�tablir une pens�e solides, j'ai besoin d'en conna�tre les bases. Je n'ai pas de bases en ce moment. Est-ce que ce ne serait pas de la derni�re malhonn�tet� de vous dire quelque chose quand je n'en suis pas s�re, ni m�me un peu s�re?
Mais c'est surtout l'incapacit� de sortir de ma vacuit� tant que je n'aurai pas une direction.
Je suis d�j� perdue, mais au moins je vois tout autour.
-L