Demain, je pars pour trois jours chez Emma, afin d'y passer No�l. Je me sens angoiss�e et excit�e � la fois. Rien d'inhabituel. Mais les motifs derri�re ces r�actions, ou du moins l'une d'elles, sont un peu plus particuliers...

Cette angoisse donc. Ma relation avec ma beaut� am�rindienne m'angoisse. Pourquoi? Parce que je ne sais pas ce qui nous retient ensemble. Je ne sens pas de magie. Ni de passion. Je ne le connais pas, et lui encore moins.

Cependant, je sais qu'il y a quelque chose. Mais quoi? Qu'est-ce qui nous rapproche?

Oui, oui, je ressens immens�ment d'affection et de tendresse pour lui, j'ai une soif de savoir qui il est, sa pr�sence me rassure et me met � l'aise... Mais je ne sais pas, �a manque peut-�tre un peu de profondeur. Oui, c'est m�me tr�s problablement la raison de mon anxi�t�... Mais je ne devrais pas m'en faire. Cette parfaite entente entre nous, est peut-�tre la pr�mice de quelque chose de grand. Peut-�tre que dans nos tout d�buts, nous n'agissons que selon l'intuition... Et peut-�tre aussi qu.il faut rpendre certainne chose comme elles sont, � leur juste valeur, sans essayer de les transformer en ce qu'elles ne sont pas... Moi et emma sommes avant tout des copains. Qui peuvent partager certainnes choses. Qui peuvent rire ensemble � s'en briser les c�tes. Qui se sentent attirer physiquement par la chaleur du corps de l'autre...

Vous savez, cette peau velout�e que je contemplais en me morfondant de d�sir... Et bien elle s'est r�v�l�e aussi soyeuse, chaude et odorante qu'elle le promettait. Hm! J'en bave � y penser. � me rem�morer ce satin sous mes doigts, cet or sous mes l�vres... Je me sens toute languissante.

Enfin, parlons d'autre chose.

C'est No�l, donc. La f�te aux noms les plus clich�s qui soit: Amour, Paix, Joie, et j'en passe. La f�te qui veut prendre une telle importance que nous en oublions ces motifs sinc�res, v�ritables. Et alors commence la chasse au cadeau, d�partie de l'inspiration et de la volont�e r�elle de donner qu'elle devrait rev�tir. C'est une des parties de No�l qui m'attriste le plus. Se sentir obliger d'acheter, sans penser trop � la personne pour qui la chose est destin�e, � sa r�action, � la joie de la voir �tre �merveill�e... Vous savez, de donner par obligation, c'est presque pire que de ne pas donner du tout.

Mais il y a du bon, dans No�l. Le fameux esprit du temps des f�tes par exemple. M�me si c'est une esp�ce de dictature de la joie, qu'on est heureux de force, qu'on est joyeux par conscience collective, m�me si ce n'est que par d�cret que l'on prend le temps de porter notre affection des gens et de la vie � son paroxysme les r�sultats en sont tr�s... beaux. Touchants, r�confortants. On semble s'humaniser plus... D�crocher les barri�res de nos distances et de notre jugement. R�veiller notre empathie. Tennez, il y avait un rigodon � mon �cole, vendredi dernier. Et... Tout le monde dansait avec tout le monde, sans retenue, sans consid�rations sur la r�putation d'un tel ou de jugements sur la tenue d'un autre. C'�tait une acceptation simple, sans complications, sans conditions. C'�tait l'amour de son semblable pour ce qu'il est, ni plus ni moins qu'un humain... Et cet humanisme, et bien, il m'�meut.

Pour prendre un ton plus personnel, cependant, je vais vous faire part d'une chose bizzare qui m'arrive � chaque No�l. Je ne sais pas si cest ma parano�a d'�tre ultimement exclue de la communaut� lorsqu'elle est � son meilleur, je ne sais pas si c'est le spectacle de la soci�t� unie qui me rappelle ma solitude, je ne sais pas si c'est un quelconque traumatisme, mais plus la No�l approhe, plus j'ai tendance � me prostrer. C'est-�-dire que plus minuit approche, plus je vais me sentir prise � la gorge par la d�tresse et la morosit� et plus je vais m'isoler, avoir le go�t de pleurer, de mourir. C'est �trange. Je ne sais pas pourquoi je r�agis comme �a. Je suis all�e aussi loin que d'hypoth�ser que "Dieu" me punirait en la supr�me occasion de la naissance de son "fils" en me terrassant de Sa Main Toute Puissante. Ridicule, non? C'est de la pure idiotie, qui n'a d'autre fondement que les reliques de superstition que j'ai encore.

Sur une autre note, on voit comme mes talents litt�raires s'�moussent et perde leurs gloire d'antan: je n'ai plus rien � dire.

-L