Je suis fatigu�e. Je suis un tas de chair; en forme d'humain. Femelle. J'ai des sensations; elles me tirent vers le bas, dans la position couch�e. Y fait-on quelque chose?

Mes actions sont absurdes.
Je suis dans un �tat constant de rush, �puisement par le rush, procrastination par l'�puisement, rush par la procrastination.

Je descend tout doucement. Je suis devenue une feuille. Ma perception est constante, fixe, �ternelle comme la vie de mes atomes; vision hors du temps. Lin�arit� �clat�e. Par elle-m�me. Par son plusc'estdiff�rentplusc'estpareil.

L'identit�e; quelle part de volont�? Nous prenons notre mat�riel d'ego dans notre environement; nous sommes ultimement les produits de notre soci�t�. D�chirez les rideaux et mordez les murs, vous restez une r�action. Une r�action imitatrice.

J'ai la consommation facile et j'empile, empile, empile toujours le mat�riel. Peut-�tre est-ce pour faire une montagne, du haut de laquelle je regarderai le gouffre profond de l'immat�riel. Vertige angoissant. Peut-on sauter dans l'�ther?

Je me demande pourquoi je persiste � parler. Qu'est-ce que j'en retire? Je gagne toujours plus � �tre silencieuse. Tandis que je vampirise les informations succulentes que mes interlocuteurs m'offrent innocament comme des vierges en sacrifice, mes yeux bleus les tranquilisent, de leur grand regard liquide et implorant; �, ils n'�coutent pas de toute fa�on. Aussi bien cesser de r�p�ter �ternellement, et �ternellement, mon grand Doute, mon �norme Amour, mon Angoisse. Et les paroles, les paroles qui s'entortillent comme du c�blage dans une salle de stockage de donn�e chez l'hydro, souvent les m�me, on fait du milage, on acc�l�ere pour remplir son quota, d�bit profitable. Je voudrais cesser. Silence! que me r�p�te ma t�te alors que parle, et parle.

...Le silence.

J'ai d�couvert les bouchons � oreille.
Le monde ext�rieur cesse soudainement de m'agresser. Plus aucun graffignements sur l'�piderme de ma conscience: le monde ne pique plus mon �me, et c'est le calme glorieux. J'entend le bruissement de mon sang, ma respiration par l'int�rieur et, harmonisant la marche, mon coeur qui bat.
Puis rien d'autre. La paix. Les �l�ments qui ne tiraillent plus mon attention surmen�e. Et je plane.
Telle la feuille.

Feuille dor�e qui tourbillone sur la rue Barclay, plant�e de ses beaux arbres tranquilles.

Petite parcelle de vivante mort parcourant les nu�es, dans le ciel sympathique et bon-enfant de la Petite-Patrie. Fraction d'un tout, devenue unit�e par exclusion.

Et pourtant. Si lasse.

-L