Je suis enrag�e. Enrag�e! Enrag�e de bonne humeure. Enrag�e � pousser les idiotes blondes anorexiques dans le front row, parce que je danse, parce qu'elle pogotte, parce qu'elles ne sont pas � leur place, parce que c'est R en crinoline prudente qui doit y �tre, pas elle, avec ses stupides cheveux d'une couleure trop pris�e avec l'ondulation trop tendance et son corps trop �tir� et son visage si, mais si insignifiant. Va-t-en. Va poser derri�re. Tu ne peux r�sister � mon skank. Cette place est � R.
Enrag�e contre lui qui me juge, f�passi f�passa, son incoh�rence, ses valeurs f�ch�e contre nous et coulante pour lui, ses jugements sur la maturit� qui s'applique mal � un type qui attend n'importe laquelle occasion pour se mettre nu comme un ver, tel le gar�onnet heureux de 4 ans qu'il est rest�, ce cher ange d�testable, enrag�e contre ses idiotes projections de reproches sur des choses qu'il nous fait en abondance sans qu'on bronche. Enrag�e mais de bonne humeure. On l'aime bien, ce sale type. Il est lisse comme une cr�eme battue, chaud comme un chaton, il vous touche comme si vous �tiez du bois pr�cieux, il dit des choses, pense des choses, est des choses, il est quelqu'un, je le hais, mais je l'aime, je l'aime!... Enrag�e, et de bonne humeure.
Enrag�e contre cette gaminarde capricieuse, toute en espi�glerie d'enfant g�t�e, en constante d�faite, en constante rebuffade, toujours la mauvaise foi et la complaisance dans sa propre mesquinerie, toujours ce latent besoin de vous prouver qu'elle est meilleure que vous, toujours � l'�coute de ses inombrables bons coups, jamais � l'�coute des v�tres, auqxels elle ne r�agit pas, mais �coute moi �coute moi �coute moi donne moi ton attention joue mon jeux. Elle m'�nerve, m'�nerve, mais je l'aime tellement, la salle gosse, salle gosse, avec ses petits tourments qu'elle refuse d'accepter avec humilit�, avec son pr�cieux savoir i-r�pertoriable, avec son hyph�nation artificielle de moi qui va retomber �a vue d'oeil, c'est tr�s clair �a. Enrag�e, mais de bonne humeure.
Enrag�e, enrag�e par eux qui agissent exactement comme ils le d�noncent, salissent des causes au nom de leurs jeux de pouvoirs, leurs soifs de pouvoirs, leurs envies de pouvoirs, les combines qu'ils font pour se valider � nos yeux et aux leurs propres, et que tourne et tourne le caroussel de la petite politique de la petite communaut�, croyez-moi, j'agis de par la force de ma conviction, ma conviction de l'amour du pouvoir. Ou de l'id�e que je m'en fais. Mon pouvoir! Le pouvoir. Et surtout, oooooh surtout, la reconnaissance. Enrag�e! De bonne humeure.
Ouais, de bonne humeure. Tu as eu peur, tu as jou� les effarouch�s, tu as fait comme si tu avais raison, tu me fais de la peine, au figur�, et au propre. Fais de moi un monstre pour que tu n'apparaisse pas comme petit � tes propres yeux. Contredit toi, pis mange de la marde. Tu n'es que la preuve que je distribue trop facilement ma confiance et mon admiration, et c'est tout. Dans ce cas-ci, seulement de bonne humeure. La rage... peut-�tre un peu.
Enrag�e, enrag�e! Et chiante, � part de �a. Enrag�e contre mon indolence, la v�tre aussi, le fait qu'on doit tout se r�p�ter 40 fois pour comprendre, recycle,-la-terre-est-pas-in�puisable-bonyeux, cette propri�t� en plus c'est une vue de l'esprit, c'est abstrait, c'est des objets, grave ton nom pour que le temps l'efface. Salit l'air pour que ton ventre grossise. Jette le carton pour que la pluie ne pleuve. Ach�te n'importe quoi � manger, pour prostituer l'�cologie. Sens-toi mal, L! Tu portes le poid de la terre sur tes petites �paules blanches pleines de grains de beaut�s, toi et les autres, et tu t'en fous, parce que t'es trop, trop molle.
Enrag�e, parce qu'une vue de l'esprit, et celle des moins importantes, m�ne le monde, fait de nous moins que l'ont est, crochit les v�rit�s � na�tre, nous rend d�pendant, nous d�sarme, nous coupe de la transcendance, nous exploite, nous laisse abrutit et idiot, et parce que les solutions ne sont qu'un d�guisement de la soif du pouvoir.
Enrag�e, parce que l'on prend la v�rit� des autres sur nous au s�rieux, parce qu'on y croit plus qu'� notre sens personnel, parce qu'on se b�tit un ch�teau de carte sur une perception �ph�m�ere, parce que tout s'�croule in�vitablement, mais nous persistons.

Enrag�e, mais de tr�s bonne humeure. La bonne humeure d'une fille incapable de se lever, de se nourrir, d'aller � l'�cole, de se trouver un appartement, d'administrer un budget accord� avec les largesses de parents r�ussis, accomplis, qui croient trop en leur prog�niture femelle-cadette pour ce qu'elle vaut, de se rappeller de quelque chose apr�s 10 minutes, de vivre ses id�es jusqu'au bout, de croire en l'amour que vous me donnez en vain.

Oui, tr�s sinc�rement, sans aucun sarcasme, la vie est belle. Mais j'en fais un gaspillage honteux, qui devrait �tre passible de mort, une mort ridicule en plus, comme s'�touffer parce qu'on a reniffl� des parcelles de carottes en riant ou s'assomer avec la po�le de fonte qu'on est all� chercher � bout de bras sur la derni�re �tage d'une armoire qu'on a atteint avec un tabouret branlant, d�siquilibr� par un rebut tra�nant l� et qui n'a pas manqu� de basculer.

L-P qui me massait le dos hier soir, avec la tendresse (sensuelle) du meilleur ami qu'il est. R qui me massait les delto�des avec la tendresse (maternelle) de la meilleure amie qu'elle est. E (qui fait semblant d'�tre) amoureuse de moi avec l'emportement de d�pendante-affective-excessive-grande-dame-dramatique qu'elle est. J qui m'�crit des mots et des lettres si pleins de consid�rations, comme la meilleure confidente qu'elle est. P qui m'�coute inlassablement et trouve le moyen de s'inqui�ter pour moi encore, comme si elle n'en avait pas encore eu assez. Et tous, tous, tous les autres...
Ces gens-l�, des gens merveilleux, sublimes, valeureux, m'aiment et c'est un myst�re parce que je ne suis pas digne de cet amour.

-L