J'�tais tr�s enfonc�e dans mon bleu auto-d�ppr�ciateur. Je lisais dans mon lit quand mon p�re vient me porter le t�l�phone. Je demande, d'une voix atone, qui c'est, on me r�pond que c'est quelqu'un d'enjou� et d'en forme (faisant allusion � mon mim�tisme du mollusque). Je prend le combin�, j'entend un exub�rant "HEY salut!!!" m�le. Tr�s petite, tr�s laconique, je demande "C'est qui?". "C'est T"

....

Je ne sais comment me placer. Je suis suppos�e �tre f�ch�e. Mais le motif de ma col�re vient d'�tre annul� par son appel m�me. "Eeesh �a a pas l'air d'aller fort.." "oui... non.. euh.. non. ben. en tout cas. euh." "ooooouin!" "je suis suppos�e �tre f�ch�e contre toi parce que tu appellais pas." "mhoui je sais..."

Et ma rancune fut toute annul�e. C'est difficile, me mettre en col�re. C'est facile, de se faire pardonner de moi. Sauf que ma rancune s'aggrave et se consolide avec le temps. Lorsqu'il est trop tard, il est trop tard.

Mais avec T.... Est-ce qu'il sera jamais trop tard? Est-ce que je peux, en ce moment, ce soir, en consid�rant toute notre histoire pass�e, notre rencontre, nos hauts, nos bas, nos �loignements, nos raprochements, nos haines, nos tendresses, notre amiti� interrompues et reprises, dire qu'il y aura jamais une conclusion?... 6 mois d'�loignements n'ont rien chang� � cette complicit� tout en cynisme partag�e, en passion commune, en sarcasme � demi-mot, cette relation intemporelle dont la qualit�, au fond, importe peu. Mes meilleures sao�lerie se sont �ss�e � essayer de discuter s�rieusement avec lui, les deux se tordant le ventre de rire. Mes conversations les plus �lev�es et les plus profondes se sont d�roul�es avec lui. J'ai touch� le fond avec lui. Nous allons plus loin ensemble qu'avec aucun autre individu, de mon c�t� du moins.

Bien-s�r, tout amour est mort. Et c'est tant mieux. Nous avons pass�, lun et l'autre, par les �preuves des passions pu�riles et des emportements de son vis-�-vis. Et nous en somme ressortis intacts. Vrais.

Lui et moi, en pr�sence de l'autre, sommes vrais. D�nud�s de tout artifice, de changement temporaire, d'affectation.

Et peu importe si notre amiti� n'a rien d'assidu ou m�me de fort...

C'est quelque chose d'immuable.

J'ai touch� � sa v�rit�, et lui � la mienne. Et on a pas besoin du reste.

-L