J'veux changer de vie. Vraiment. J'en ai eu plus qu'assez. Je suis vraiment fatigu�e de cette petite ville plate, loin de tout, sans personnalit� et bourr�e de moustiques. Fatigu�e des fils des voisins qui GUEULENT � longueur de journ�e. Fatigu�e de ma famille dysfonctionnelle, avec ma m�re-col�re, mon p�re qui ne fait rien de productif autre que de travailler pour une job qu'il n'aime pas et faire des commentaires aga�ants et inutile, mon fr�re �gocentrique, tyrant et sans substance et moi, la pire de toute, qu'on a pas besoin de pr�senter. Fatigu�e de ces suppos�s amis qui se calice de ma face. Fatigu�e du r�le qu'on m'assigne. Fatigu�e de mon existence sans remous, pass�e dans le n�ant devant ce stupide �cran, que je contemple � l'instant m�me. Fatigu�e de voir ma petite figure laide avec ces horribles cheveux sans forme ni logique dans les glaces de la maison. Fatigu�e d'�tre confin�e � tout ce bruit, ces odeurs, ces obligations, ces lieux. Fatigu�e d'�tre oblig�e de manger de la maudite viande, dont je suis �coeur�e apr�s toutes ces ann�es. Fatigu�e de toujours sentir un profond d�go�t en moi quand je regarde mes grosse cuisses molles, flasques et en tout pour tout affreuses. Fatigu�e de vivre avec mes souvenirs, mes sautes d'humeurs, mon incompr�hension g�n�rale de l'univers.

Je veux m'en aller. Bien loin. Vivre seule, o� avec des gens qui me prendront pour une personne. Vivre sous un pays de vent et de mer, au rude climat violent, o� les moustiques ne sont pas admis. Vivre en sant�, en bougeant, avec des prohets, et des buts. Vivre loin de mon monde o� tout est stagnant, la nature mar�cageuse, la vie culturelle de mon village, le d�sarroi de ma famille, l'�volution des jours, l'indiff�rence de mes "proches". Vivre le feu au coeur, vivre libre. Vivre de ce que j'aime. Vivre de ce que je veux. Sans �tre oblig� de regarder, manger, agir, sentir, me v�tir selon les r�gles rigides de ma m�re. Sans avoir � me plier face � tous. Sans avoir � endurer ce qui me rebute. Sans avoir � �tre emp�ch�e de toute aventure comportant plus de risque que cette vie stagnante d'int�rieur. Sentir son coeur battre. La sueur couler. �tre d�barass�e de ce malaise, cet agacement constant aux c�t�s des composants de l'unit� familiale.

...Et tout ce que je dis pr�sentement ressemble terriblement aux d�buts d'une d�pression. Yay. J'envisage de quoi �a va avoir l'air: reclusion sociale, baisse de l'app�tit, perte de go�t pour la vie, envie de fuire sa propre, damn�e peau, sentir que chaque geste est supperflu et trop demandant, manquer de cet air sacr� qui nous tient debout, �tre en proie � une confusion si extr�me, si douloureuse et affolante, qu'on lasc�re sa propre chaire pour y trouver une porte d'�vasion, une cause � la douleure, une blessure visible qui nous justifie.

Faut que j'fasse quelque chose.

...Mais quoi?

Qu'est-ce que je peux faire pour �chapper � ces gouffres sombres et puants qui s'ouvrent lentement sous mes pieds? Vivte! vite! il faut que je sache avant qu'il soit trop tard! C'est un cris � l'aide: mais �videmment, personne ne va me croire. Personne ne va croire que je retombe dans la d�pression. Non. "� mon �ge, on ne fait pas de maniaco-d�pression. Je ne mettrais pas ma main au feu que tu irais en refaire une. Alors je ne te prescrirai rien." Mais je coule! Je me noie! O� je sens que je vais couler: j'en sens les pr�misces! Il faut vraiment que j'attende d'�tre en pleine d�tresse avant de faire quoi que ce soit, docteur? Je suis vraiment oblig�e de re-subir �a? Pourquoi? �a ne me semble pas n�cessaire. En fait docteur, j'appelerais m�me �a de la cruaut�.

Le pire, c'est qu'il n'y a personne � qui je puis parler de cela. Ils vont �couter, sans s'en pr�ocupper. �a va les ennuyer. Ils ne feront pas de commentaires. Ne montrerons pas un peu de gentillesse humaine. Je sais. J'ai d�j� essayer.

J'ai personne � appeler, au t�l�phonne.

Communication breakdown.... It really does drives me insane.

-L