Je ne sais pas. Je suis un peu pr�occup�e. Je suis agac�e. Je suis ext�nu�e. Y'a quelque chose qui me traccse, qui me dr�ange, c'est juste � c�t�, au coin de l'oeil, et reste l� comme une tache de lumi�re sur la r�tine: retournez vous que la tache reste o� elle s'est imprim�e sur la r�tine. Vous ne la verrez jamais de face. J'ai l'impression que c'est l'histoire de toute ma vie. Jamais � l'aise, toujours sur mes gardes. Deux mois de parfait bonheur avec T qui m'en a si cruellement sevr�e que je n'en suis pas encore compl�tement remise, apr�s un an et deux tiers.

Le comportement de mes suppos�s ami(e)s m'est incompr�hensible, illogique, insens�, impr�visible. Je ne sais pas pourquoi, tout d'un coup, ils se prennent d'un intense attachement pour moi et me laisse tomer tout aussit�t, sans rien de marquant ne justifiant ce subit refroidissement. Un moment ils m'aiment et l'autre je n'existe plus.

Regardez Ja. Regardez-la. C'est l'exemple le plus r�cent et le plus tranchant du ph�nom�ne. Regardez comme elle a compl�tement, soudainement cess� tous contacts avec moi. Il y a deux semaines elle m'appellait pratiquement tous les trois jours et l� �a fait 5 jours que je n'ai pas entendu parl� d'elle. Et il y a 5 jours, j'avais appell� et rapell� et on m'a � peine retourner mon appel, vaguement. Jesus qui, mercredi, m'invente une esp�ce de mensonge redondant "il n'y a pas de place mon p�re ne va pas nous porter �a ne marche plus j'ai de la cr�me glac�e sur le feu".

Je suis confuse. Peut-�tre que c'est une esp�ce de r�actions en cha�ne: je reste froide envers mes ami(e)s car j'ai de l'appr�hension et de la d�fiance envers la constance de leurs affection, et en retour ils cessent de m'aimer � cause de cette froideure et de cette d�fiance. Pourtant je reste joyeuse et intime, j'en ai l'impression. �a ou bien ils se sentent mal � l'aise parce que avec ma na�ve honn�tet�, mes comportements n'ont aucunes attaches avec ce qui est conventionnellement accept� comme la mani�re d'agir, chose que je n'ai jamais pu saisir. Ou bien je ne suis pas pr�visibles comme un grand livre plein de st�r�otypes, d'automatisme, de comportements conformes et de clich�s et cela titille une remise en question qui leur est d�sagr�able, aussi pr�f�rent-ils fuir de tels embarras mentaux. Ou bien j'ai des attitudes, un port, un maintien, un parler qui comporte quelque chose de d�sagr�able, de r�pugnant, d'insupportable, qui �loignent les autres tout en me restant invisibles. Ou bien c'est un m�lange tous ces facteurs, ou d'aucuns d'entre eux.

Je suis plus perdue dans le labyrinthe des relations que je ne l'ai jamais �t�. Je ne comprends pas comment on doit agir. Quels airs affecter et � quels moment. Quels mots dire et dans quelles situations. Les raisons de leurs agissements. De leurs pr�f�rences. De leurs acceptations ou de leurs rejets. Cela m'est compl�tement obscur. Et le jeu me semble inutile, et me fatigue. Pourquoi ne pouvons nous tous ne pas �tre naturels, sinc�res et tol�rants? Pourquoi tennons nous temps � brouiller et fausser notre communication? Dans quel int�r�t? Timide l�chet� devant la possible confrontation? Mais est-ce que ces petites confrontations ne seraient pas moins p�nibles que les gros efforts du mensonge permanent, et ne seraient-elles pas, en bout de compte, beaucoup plus saines et plus claires?

Et pourquoi les gens ne me r�pondent-ils pas quand je parle? Cela commence � me frustrer s�rieusement. Je vais commencer � les secouer, les claquer, leurs dire "ALLO miss chose, je te PARLE, m�me si je doute de l'ennuie qu'un personnage aussi insignifiant que moi puisse te causer! D�SOL�E de r�clammer cette injuste part de respect dont je ne suis absolument pas m�ritoire!!!". Je pense que �a va faire du bien au moins une ou deux fois de me frustrer comme �a. J'en ai assez de faire pleins de compromis et de me plier par amour pour des gros porcs suffisants qui prennent tout pour acquis, pour qui le monde leurs est d�. Je n'ai pas � me laisser traiter ainsi. Dans ces cas-l�, j'ai le droit d'�tre b�te, frustr�e, vex�e. Je suis l'offens�e. Que je prenne ma place.

D'une fa�on ou d'une autre, je peux aussi bien tous les envoyer promener d'un m�prisant revers de la main et refaire ma vie au c�gep.

-L