Je suis compl�tement folle. Et dysfonctionelle. Et ma famille est tr�s dysfonctionnelle. Mon p�re est absolument incapable de s'int�resser � autrui, o� au moins il n'a aucjne id�e de comment on d�montret et exprime de l'affection. C'est un homme doux et gentil, mais mal � l'aise dans un monde o� il faut interragir avec des gens. Ma m�re est une esp�ce de harpie extra terrestre descendue sur la terre dans le but de conqu�rire la plan�te; mais comme c'est une harpie extraterrestre rat�e, sa dictature ne s'�tend pas plus loin que sa famille. Notez dans les points qui prouvent son inhumanit� la tendance � croire sa premi�re impression v�ritable, � blesser et � �tre compl�tement �bahie quand ses blessures lui reviennent, � se croire magicienne, � �tre convaincue d'agir toujours de fa�on irr�prochable et proph�tique, � se croire l'unique d�tentrice du savoir de l'univers, � toujours trouver une fa�on pour �viter de r�pondre directement, qui se r�sume en trois point: 1) r�pliquer par un reproche 2) adopter une attitude condescendante 3) passer � c�t� de la question. Tous ces comportements ne sont que par trop humain, je le conc�de, mais leurs inhumanit� tient probablement du fait qu'ils semblent avoir �t� adopt� comme principales et morales mani�res d'agir et amplifi�es au possible, comme si l'alien avait *tenter* (sans r�ussir, parce que ladite entit�e manque de g�nie) de reproduire le comportement humain.

Mon fr�re est une b�te farouche rendue agressive par des ann�es de r�pressions, d'accusations, d'injustices et de "modelisation", ce qui consiste � d�finir � l'aide de sophisme et de g�n�ralisations l'identit� de la victime, de fa�on majoritairement n�gative. Maintenant sauvage, mon fr�re, cependant, est �tonnament r�sistant face � la cr�ature non-humaine vivant dans cet endroit, et m�me capable de l'affronter de fa�on victorieuse. Les d�savantages de cette adaptation est un caract�re hostile, �go�ste. Mais la vraie nature de mon compagnon d'infortune, qui est loin d'�tre mauvaise, refait surface de plus en plus et la preuve en est qu'il n'a aucun probl�me social et compte plus d'amis que je n'en aurai dans dix vies.

Quant � moi, je suis le produit d'une r�bellion vou�e � l'�chec contre cet abject conditionnement dont je ne m'�chapperai jamais. De nature r�ceptive, toutes les petites amertumes, hostilit�s, tensions, reporches et accusations m'atteignent profond�ment l� o� c'est le plus sensible. Le r�sultat est une condition d'anxi�t� m�dicale, une tendance bipolaire qui me donne des sautes d'humeur incontr�lables, intenses et rapides, et une m�fiance instinctive envers tout ceux avec lesquels je suis sens�e former des liens affectifs. De l� ma grande aisance avec les �trangers et ma parano�a envers mes suppos�s-amis. Je vais rpobablement finir comme l'entit�e extra-terrestre gouvernant cette maison, apr�s de longues ann�es d'hypersensibilit� et de d�lire psychopathe. En effet, l'identit�e s'est fabriqu� une niche perceptive totalement imperm�able � la logique et � la r�alit�, convaincu de son absolu droit, savoir et autorit�e. J'y suis in�vitablement attir�e, comme un promeneur dans une flaque de sable mouvant: chaque mouvements me fait m'enfoncer un peu plus. Et malgr� moi, toutes les absurdit�s que je combat se glisse de plus en plus dans ma t�te comme "acceptable". Comment r�agir autrement, lorsque confront� au fait,� la logique et au raisonnement, l'entit�e, but�e, n'ayant probablement ni entendu ni m�me compris votre opposition, reste inchang�e, que de croire en sa propre inaptitude en tant que personne capable de concevoir sa propre ignorance et adopter les m�mes comprotements d�viants que celle qui est suppos�e �tre sa g�nitrice?

�a ne peut pas �tre ma m�re. Je ne peux pas �tre le produit d'autant de venim, de fourberie, de mauvaise foie et d'ent�tement. Je ne peux pas, avec ma qu�te de la sagesse, mon effort pour voir tous les points de vues, ce qui n�cessite de l'humilit�, originer de ce sous-�tre assez fat pour croire � une vision arr�t�e et bas� simplement sur des pr�f�rences personnelles du monde.

Je ne veux pas finir comme �a. Non, jamais!

�a ne peut pas �tre ma m�re, ce monstre de despotisme. Je lui ai dit, l'autre jour, que toute mon enfance avait �t� paralys�e par ma peur d'elle, que j'ai appris � mentir pour �viter d'�tre punie, que je ne savais jamais comment adopter une strat�gie pour �viter ou contrer son inpr�visibilit�. Je l'ai excus�e en disant qu'elle avait subit un burnout durant cette p�riode fragile de ma vie et que son irascibilit� pouvait expliquer cette attitude que j'ai per�u avec tant de crainte. Comme c'est quelque chose qu'elle ne veut pas confront�, j'ai eu droit � la mani�re de r�agir 1, 2 et 3.

C'est l'enfer, ici. On ne sait jamais � quoi s'attebndre. Pas une journ�e ne se passe en compl�te harmonie. Pas une journ�e sans disputes, chicanes, m�chancet�, mesquinerie. Et aucun moyen de le pr�voir ou de passer � c�t�. Je suis trop expressive pour m'astreindre au silence. Je suis trop honn�te pour r�p�ter des automatismes qui sauveraient la situation et auxquels je ne crois pas. Et je suis beaucoup trop na�ve et idiote pour m'appercevoir que peu importe tous les efforts et les tactiques que j'emploie, les r�sultats resteront les m�me. Ob est dysfonctionnel. On refuse de voir plus loin que notre nez.

Et tout le monde croit que j'exag�re, personne ne me croit. C'est bien peu de choses, en effet, dans ma famille. Mais �a me d�molit. �a fait des ann�es que je crie sous le poid trop lourd. Mon psychologue ne me faisait parler que de �a, de cette famille.

Famille! Dr�le de mot. Je n'y croit absoluement pas. Pour moi, ces �tres n'�veillent aucun contentement sentimental et sinc�re, je ne peux que me d�fier du mal qu'ils vont me faire prochainement. Mon p�re restera de glace � mes tentatives d'appriche. Mon fr�re me dira une m�chancet� dans le but de me rabaisser. Ma m�re...

Famille?

Mais c'est nuisible, une famille.

Je serais pas au point d'avoir envie d'avaler tout mon seroquel en m�me temps, d'entasser des meubles contre la porte de ma chambre et d'�tre socialement attard�e si j'avais une famille ordinaire. Ou juste une famille qui me laisse tranquille. Je serais ordinaire aussi, mais au moins sans cette appr�hension qui me garde angoiss�e constament.

Est-ce que quelqu'un peut appeler l'h�pital psychiatrique et signaler mon cas? Il n'y a pas de t�l�phonne dans ma chambre.

-L